• Nous peuples autochtones du bassin amazonien

last modified March 10, 2009 by jean_michel_coulomb

Déclaration de l'Assemblée des peuples indigènes

 


Nous peuples autochtones du bassin amazonien (COICA), avec notre cosmogonie, la
diversité de nos langues, notre histoire,  culture, spiritualité,  territoire, économie, existons depuis des temps immémoriaux. Nous avons adopté différentes formes d'organisation et d'identité dans le cadre d'États-nations qui ont établi des règles et des lois en fonction de leurs intérêts, et non pas en fonction des droits ancestraux des premiers habitants de l'Amazonie territoire.

Pour rechercher un consensus entre 390 peuples, représentant une population de 2.779.478 habitants, 10.268.471 km2 de l'Amazonie, nous avons été à la réunion du Forum social mondial à Belem do Para, au Brésil, du 27 Janvier au 01 Février 2009. En ces jours, nous avons tenu des réunions et mené une discussion approfondie et l'analyse des réalités des peuples autochtones qui vivent en Amazonie et dans d'autres biomes, c'est là notre soutien et notre contribution au processus du FSM.

Considérant les buts et principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et comptant sur la bonne foi des États qui l'ont adopté dans l'accomplissement de leurs obligations,
Nous réaffirmons les droits des peuples autochtones à se considérer comme différents et à être respectés en tant que tels comme contribuant à la diversité et la richesse des civilisations et des cultures qui composent l'humanité;
Nous condamnons toutes les doctrines, les politiques et les pratiques fondées sur la supériorité de certains peuples ou nationalités et les personnes qui prônent la base de l'origine nationale ou raciale, religieuse, ethnique ou culturel sont racistes, scientifiquement fausses, juridiquement sans valeur, moralement condamnables et socialement injustes.
Les peuples autochtones ont le droit à l'autodétermination politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel.


Par conséquent:

• Nous exigeons la démarcation immédiate et les titres de nos terres ancestrales qui ont toujours été utilisés pour ses habitants légitimes. Nous dénonçons et condamnons la violence des actes d'intimidation et de mort contre nos dirigeants dans la défense des territoires et les droits des peuples autochtones.
• Nous dénonçons l'avancée de l'agriculture et de l'agro-industrie, responsable de la violation de nos droits, de la discrimination, la dépossession de nos terres, la déforestation, les incendies de forêts et les pâturages, la contamination des sols et des cours d'eau et l'utilisation de produits agrochimiques et transgéniques et  l'expansion de la monoculture, de la bio-piraterie, de la contrebande de bois, l'expansion des déchets et les déchets de l'industrie, de tous les facteurs qui menacent la souveraineté alimentaire, la perte d'écosystèmes, la perte de notre identité et de notre culture. En outre, tout cela augmente la vulnérabilité de nos frères des peuples indigènes en isolement volontaire, qu'ils aient été en contact ou non auparavant : Nous exigeons la garantie de leurs terres par les Etats.
• Nous dénonçons devant le monde les méga-projets comme IIRSA et CAP (menés par les États et les gouvernements) qui sont responsables du génocide des peuples autochtones et du pillage des forêts de l'Amazonie: nous exigeons leur abolition !
• Nous refusons les processus et les niveaux de décisions et les politiques qui font obstacle à la participation des peuples autochtones ou la manipule en ce qui concerne la question du changement climatique: nous demandons une large diffusion de l'information et un débat critique entre les peuples autochtones sur les mécanismes et les négociations concernant la commercialisation et la capture du carbone sur les territoires autochtones.
• A propos de REDD nous affirmons comme un principe que toutes les consultations sur les mécanismes financiers pour la protection des forêts dans nos territoires doivent reconnaître sans restriction les droits des peuples autochtones conformément à la Déclaration des Nations Unies (UNDRIP) : Nos droits ne sont pas négociables . En ce moment nous échangeons nos informations et discutons dans chacune de nos organisations sur la possibilité d'impacts négatifs ou les risques qui seront imposées sur nos terres (comme ce fut le cas du MDP (mécanismes de développement propre), pour un grand nombre de nos peuples). En outre, l' interprétation de nos peuples autochtones sur le changement climatique, dans le cadre de nos cosmogonies, est qu'il interagit avec de multiples facteurs environnementaux et sociaux à prendre en considération globale et qui ne sont pas réductibles au marché.
• Nous rejetons toute exploitation minière, l'exploitation du pétrole et des hydrocarbures, ainsi que les revendications avancées de production de biocarburants dans le bassin de l'Amazone (de palme, de soja et de canne à sucre), très destructrices pour nos écosystèmes. Nous réfutons le modèle de production basé sur la consommation des pays «développés» et des élites des pays en développement de nos Etats qui dépendent des industries extractives.
• Nous exhortons les organisations environnementalistes et autres ONG à abandonner toute attitude autoritaire, et que leur aide passe par nos propres organisations autochtones pour promouvoir leur auto-représentation et institutionnalisation.

Enfin, nous déclarons au monde entier que les peuples autochtones d'Amazonie conduits par nos guides spirituels, et inspirés par notre histoire, et nos expériences, maintenons et de renforçons le respect de la diversité des sociétés, les droits collectifs des peuples, et que nous avons été en mesure de renouveler nos efforts pour la promotion, la protection et le respect de nos droits, contribuant ainsi à la survie de l'humanité.

Par cette déclaration, nous demandons avec force le respect pour les organisations membres de la COICA, et particulièrement en ce moment, pour l'organisation de COIAB qui nous a accueillis avec les autres organisations autochtones du Brésil et les organisations autochtones de la région dans ce Forum social mondial 2009.

Nous exprimons notre solidarité avec la lutte du peuple palestinien pour son droit à l'autodétermination et le rejet de l'invasion coloniale israélienne.

Assemblée générale des peuples autochtones au
Forum social mondial 2009

Coordonnateur des organisations autochtones du bassin amazonien (COICA)
Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas (CTOI)
Conseil autochtone d'Amérique centrale (CICA)
Convergence Maya Waqib Kej
Initiatives des peuples d'Asie du Sud (Inde)
Mouvement Indigène des amériques (Abya Yala)

et d'autres organisations autochtones au Brésil, au Mexique, Guatemala, Costa Rica, le Nicaragua, la Colombie, l'Équateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili, l'Argentine, le Surinam, le Venezuela et d'autres