1          LA CRISE ENVIRONNEMENTALE AMAZONIENNE DEMANDE DE GRANDES TRANSFORMATIONS

Compte tenu de la grave situation de la Terre mère dans notre grande Amazonie, notamment en ce qui concerne les incendies de forêt, nous soulignons, dans une récente déclaration du FOSPA, que l’application d’un modèle de développement extractiviste agro-industriel et de privatisation est l’une des causes déterminantes de la dégradation permanente de l’environnement de la région. n, qui ne servent que la logique de l’accumulation mondiale du capital.

L’intervention criminelle et colonialiste de l’Amazonie par des entreprises du bois, du pétrole, des mines, des centrales hydroélectriques et agro-industrielles, qui agissent de concert avec des groupes armés privés et la complicité des forces militaires officielles, crée les conditions du déséquilibre écologique et social qui met en danger la vie de l’Amazonie, de sa nature et de ses peuples, et approfondit la crise climatique que la planète subit aujourd’hui.

La méconnaissance des territoires ancestraux et communautaires et des connaissance des peuples dans la définition des politiques sur le bassin facilitent également la violation des droits de l’Amazonie. Au contraire, le discours officiel et médiatique encourage le racisme comme justification des actions étatiques et parapubliques. Les habitants de l’Amazonie rurale et urbaine, les communautés de femmes et d’hommes, les paysans, les descendants d’Africains et surtout les peuples autochtones, les habitants millénaires de cette jungle méritons d’être protégés et d’être garantis de participer à la prise de décisions sur le territoire. Le territoire constitue la base matérielle et culturelle des peuples, dont la connivence naturelle avec l’Amazonie a garanti l’harmonie environnementale de la vie.

Ce qui se passe dans le bassin est le produit de politiques transnationales dictées par les centres mondiaux de pouvoir depuis des années. Les problèmes de déforestation ne sont pas seulement liés aux incendies actuels, qui résultent plutôt de toutes ces interventions. Par conséquent, la solution à la crise actuelle en Amazonie ne devrait pas se concentrer exclusivement sur les incendies; Le moment que nous traversons réclame des décisions audacieuses qui garantissent sa survie, désarticulant des modèles économiques et énergétiques , largement responsables de la crise humanitaire et du réchauffement climatique actuel, en raison de l’augmentation constante des émissions de gaz à effet de serre. L'utilisation des biens environnementaux doit connaitre une transformation radicale pour la survie dans la dignité de l'espèce humaine et de toutes les formes de vie sur la planète.

Il ne fait aucun doute que la situation d'urgence due aux incendies de forêt appelle la solidarité mondiale et des mesures globales visant à rétablir la vie en Amazonie. Cependant, celle-ci ne peut pas avoir un caractère interventionniste qui porte atteinte à la souveraineté des peuples, ni prendre la forme d' un soutien international qui vise à rendre viables les investissements dans les entreprises d’élevage et agro-industrielles, ou dans des projets de commercialisation de l’Amazonie tels que les projets REDD, REDD + ou. REM, présentés comme une alternative à la déforestation et à l'instabilité du changement climatique.

La crise de l’environnement ne doit pas non plus servir de base aux stratégies hégémoniques de l’empire dans les rivalités géopolitiques sur la région, tâche que le cartel de la droite latino-américaine - dirigée par Duquee et Bolsonaro - a maintenant commencé à développer avec son masque de protection [1] dans lequel s'est inscrit dans ledit pacte de Leticia.

Les organisations qui nous sommes rencontrées autour du Forum social pan-amazonien - FOSPA - depuis plus de 16 ans, où nous articulons de nombreuses initiatives autour du soin et de la défense de l’Amazonie, lançons un appel conjoint depuis les 9 pays du bassin pour maintenir la mobilisation pour faire pression pour des changements dans les politiques qui affectent le biome amazonien.

@ 1 Ce n'est que par le pouvoir d'articulation des peuples, des mouvements et des organisations communautaires que nous trouverons la force sociale transformatrice capable de déstructurer les modèles de production et de consommation fondés sur l'exploitation et la dégradation de la nature et de l'humanité.

2          LES DÉFIS DU FORUM SOCIAL PAN-AMAZONIEN

La réaction de multiples groupes sociaux aux incendies de forêt dans de nombreux pays du monde, en particulier en Amérique latine, montre une sensibilité remarquable vis-à-vis de l’Amazonie et de ses problèmes environnementaux. Cependant, une mobilisation soutenue n'a pas été garantie. Nous avons également pu identifier de manière générale que deux visions étaient exprimées dans les alternatives: une solution transformatrice, visant à résoudre le problème par ses causes, et une autre solution conservatrice, axée sur les effets, dans lesquels les affaires du capital se glissent se présentant comme  des solutions.

À partir de cette lecture critique de la journée du 23 août, face à la nécessité de mettre en place un processus dans lequel les conditions nécessaires au soin et à la défense efficaces de l’Amazonie s’accumulent, il est possible de conclure à une dispersion des programmes et de l’organisation. La question se pose alors: est-il possible que le FOSPA se projette comme la scène dans lequel les articulations nécessaires sont renforcées, afin de générer les transformations des modèles de production et de consommation qui fragmentent les relations vitales de l’Amazonie?

Marcher dans cette direction implique qu'en tant que FOSPA, nous assumons plusieurs défis, notamment:

-           Avancer dans la caractérisation intégrale de l’Amazonie en tant qu’écosystème et unité socioculturelle des Andes, de la forêt et de la mer.

-        Identifier la diversité des sujets sociaux qui sont nés et se sont recréés dans ces territoires, reconnaissant et renforçant leur identité amazonienne.

-           Passer du diagnostic des problèmes de l’Amazonie aux alternatives, dans une vision plus programmatique.

-           Proposer de dynamiser les processus autonomes des peuples dans une perspective de revendircation du gouvernement communautaire des territoires.

-           Réunir les différentes organisations sociales présentes et actives en Amazonie qui ne font pas partie de la FOSPA ou  ont pris leurs distances.

-          Développer le caractère articulant du FOSPA; comment la pensée et l'action FOSPA sont construites, renforçant la diversité, la participation et la communauté, par rapport ce qui es homogène, représentatif et centralisateur.

Ce sont par conséquent les questions et les recherches  auxquelles  les réalités de l’Amazonie et ses contextes nous engagent, pour dialoguer collectivement lors de notre prochaine rencontre internationale: le IX FOSPA - MOCOA 2020.

 

3          QUE VOULONS-NOUS ÊTRE COMME FOSPA?

La dynamique principale thématique et méthodologique de la FOSPA repose sur la caractérisation du FOSPA en tant que processus d’articulation de la diversité des peuples, des pensées et des actions autour de la défense et de la protection de l’Amazonie. Il s’agit essentiellement de projeter le FOSPA comme un processus de long terme qui contribue à créer les conditions d’une Amazonie durable.

S'articuler sur la clé du processus social pour la vie de l'Amazone implique nécessairement: d'abord, de clarifier l'horizon que nous voyons dans ce parcours commun, à partir de ce que nous voulons être aujourd'hui; et, deuxièmement, de tracer les chemins qui nous mèneraient dans cette direction, à partir de ce que nous faisons aujourd'hui et, par conséquent, nous sommes, dirait Galeano. En termes plus précis: quels sont nos visées programmatiques et quelles sont les lignes de construction , @ est ce qui identifierait notre personnalité FOSPA comme un sujet politique, un sujet de changement pluriel.

La question qui se pose alors est la suivante: quelle est la stratégie ou la méthodologie qui nous conduirait à être une force sociale transformant les réalités de l’Amazonie, en particulier dans laquelle il est nécessaire de renverser et de réduire les déséquilibres causés par les interventions du capital transnational et des gouvernements au service des entreprise? Cela signifie que nous ne penserions pas seulement à une méthodologie pour MOCOA-2020, mais à la configuration d'un mouvement social amazonien.

Nous nous définissons comme FORUM , car le tissage dans ce grand réseau implique une dynamique de dialogues permanents autour des actions communes que nous provoquons; comme certaines peuples le disent:  faisans marcher la parole. Il s’agit de construire des engagements conscients, ce n’est pas une articulation mécanique ou bureaucratique. SOCIAL, parce que @ nous nous reconnaissons comme une diversité de sujets collectifs ayant des pensées et des pratiques différentes qui recherchent l’intégration territoriale et communautaire comme fondement de Bien Vivre ^[2] . PAN, parce que l'articulation se fait entre des organisations appartenant à des pays différents et que la manière d'exprimer cette condition politique consiste à utiliser ce mot grec qui signifie "tout" ^[3] . AMAZONIEN ^[4] , parce que c'est notre identité spécifique et particulière; C'est l'enracinement avec l'essence multidimensionnelle de l'être Amazonie qui nous appelle à la défense et à la protection de ces territoires dans un engagement décisif pour la Vie.

Qu'est-ce qui nous appelle comme FOSPA? En résumé, nous pourrions formuler les choses ainsi: La défense et le soin de l’Amazonie, dans le sens de la reconstitution pour le Bien Vivre de son écosystème et de ses tissus socioculturels, des Andes à l’Atlantique, sur les territoires desquels une diversité de peuples est originaire et d'autres se sont recréés et dans lesquels neuf pays ont une juridiction politico-administrative.

§   Diversité dans FOSPA

Se reconnaître dans @diversité est l’un des fondements de l'être FOSPA. Nous comprenons la diversité comme l’opportunité de converger dans la différence. C'est pourquoi nous appelons au dialogue interculturel, inter-acteur et inter-linguistique afin que, à partir de nos histoires particulières et collectives, nous fassions de ce dialogue un nouveau monde visant à la construction de communautés et de sociétés  Amazoniennes pour le bien vivre.

Reconnaissant l'intersectionnalité des identités des sujets politiques, traversées par diverses formes d'oppression découlant d'un système de domination multiple qui inclut: ¡) l'exploitation économique et l'exclusion sociale, ii) l'oppression politique dans le cadre de la démocratie formelle, iii) la discrimination socioculturelle, en fonction de l'appartenance ethnique, du sexe, de l'âge, des options sexuelles, religieuses, etc., iv) l'aliénation médio-culturelle et, v) la prédation écologique, (Galfisa 2009, Valdés 2001), nous avons tendance à surmonter les exclusions créées par l'utilisation de cadres théoriques qui contournent la diversité et la superpositions des relations de pouvoir.

"Depuis quelques années, l'intersectionnalité est devenue l'expression utilisée pour désigner la perspective théorique et méthodologique qui cherche à rendre compte de la perception croisée ou superposée des relations de pouvoir" (Viveros Vegoya, 2016) En ce sens, elle invite à explorer le recoupement des différentes formes de domination sans hiérarchie, tout en reconnaissant qu'il est impossible de séparer les oppressions car elles ne répondent pas uniquement à une domination basée sur le genre, la classe sociale ou la politique, etc.

 

Les ambitions du FOSPA deviennent difficiles si l'on considère les aspects expérientiels liés à une hiérarchie  ou à une oppression  unique (par exemple, le genre, l'épistémie ou l'ethnicité), sans identifier sa relation avec les autres. C'est là que l'intersectionnalité devient essentielle, car elle a le pouvoir de relier plusieurs variables du système de domination multiple, en cherchant à la transformer vers la justice sociale, économique et environnementale.

▪          Quelle est la portée du IX FOSPA?

Le forum international MOCOA-2020 où nous allons nous retrouver toutes les organisations sociales de l'Amazonie qui nous déplaçons dans une tonalité FOSPA; C’est un moment de synthèse du processus dans lequel nous réaffirmons nos engagements face aux nouveaux défis que nous avons à relever. C'est pourquoi nous nous proposons dans ce IX Forum:

Ø   Produire des avancées programmatiques et méthodologiques concernant les alternatives au développement néolibéral et extractiviste du capital actuellement imposé à l’Amazonie.

Ø   Renforcer au niveau organisationnel le FOSPA, autour des différents comités et  des initiatives d'action (IdeA), en tant que dynamiques d'articulation panamazoniennes.

Il s’agit ensuite d’ordonner dans ces lprémisses ou  approches générales, l’ensemble des approches et expériences que nous avons accumulées jusqu’à présent en tant que FOSPA. Pour cela, il est nécessaire de commencer par un effort de synthèse du processus historique du FOSPA qui nous situe aujourd'hui dans ce que nous avons avancé par rapport à comment nous concevons l'Amazonie, comment nous caractérisons ses problèmes et, surtout, quelles sont les alternatives que nous proposons, en tant que paris programmatiques; identifiant également les débats fondamentaux que nous avons autour de ces trois questions ^[5] .

4          PRINCIPES INTEGRATEURS

Il s’agit d’établir des critères qui facilitent le tissage des multiples thèmes, secteurs et actions qui convergons au sein du FOSPA, dans l’optique de construire une vision plus holistique des réalités, dans laquelle convergent une diversité d’imaginaires de vie et en conséquence, de permettre l'articulation systémique des initiatives. Les lectures fragmentées depuis chaque secteur, isolément, entraînent une dispersion des actions et des solutions partielles.

Nous cherchons à ce que les sujets, les pensées et les actions se rencontrent, au milieu de leurs particularités, autour des paris programmatiques du FOSPA et des Initiatives d'action en tant que pratiques articulatoires. La diversité nourrit nos actions pour proposer des alternatives qui reconnaissent des agendas multiples: celui des femmes, celui des jeunes, celui des communautés mobilisant une identité ethnique, celui de celles qui proposent des alternatives pour contester la territorialité depuis les formes rurales urbain pour ressentir l’Amazonie (spiritualité, mémoire, éducation, art, communications, recherche,…), et avec des objectifs essentiels comme la dignité, les droits, la liberté, la paix.

Ici, nous ne cherchons pas à masquer la différence, mais à construire de nouveaux horizons communautaires à partir d'elle. Pour le FOSPA, entendu comme un processus d’articulation dans la diversité ayant vocation à agir, il est essentiel de mettre en évidence les points communs et les différences en tant que sources de richesse. À partir d'une lecture de la réalité latino-américaine, Boaventura de Sousa a proposé la proposition de l'écologie de la connaissance en tant que scénario de synergie et de complémentarité entre différents savoirs-faire, sur la base de la reconnaissance de la partialité de nos perspectives individuelles. Ce n'est que dans la reconnaissance de nos lieux communs et de notre incomplétude qu'il est possible de construire de nouvelles manières de comprendre et d'agir, en particulier dans la lutte pour la défense des territoires, car ces luttes sont complexes et dépendent de la convergence de multiples savoir-faire et pouvoirs pour combattre le paradigme dominant

Dans la mesure où le Fospa est une proposition qui appelle des transformations radicales et profondes, il ne peut se passer du dialogue entre les différents agents de transformation qui souffrent ou partagent les peines causées par différentes expressions du système de domination multiple. Ainsi, nous pensons, par exemple, qu'il est impossible de renverser la déprédation écologique sans penser à la limitation de la participation politique ou que l'aliénation des médias et de la culture doit être surmontée pour faire progresser la justice économique, etc.

Chaque fois que nous comprenons l'Amazonie comme un territoire controversé, à la fois symboliquement et physiquement, nous apprécions la capacité du Fospa à susciter les débats et les échanges nécessaires qui remettent en question, depuis  le dialogue dans la différence et l'identité dans la convergence. , les menaces et avancées dans l'appropriation et l'aliénation de ce territoire, sur la base de propositions reconnaissant que nous qui croyons en ce processus sommes affectés de différentes manières par le système de domination multiple.

Ces critères généraux sont définis comme des principes ou approches intégrateurs du processus FOSPA et, en tenant compte des différents visées des secteurs sociaux, il est essentiel que, dans chacun des axes programmatiques, ils soient pris en compte dans le but de nous tisser sur la base de ces fils conducteurs:

Cohérence et sens d'appartenance: Capacité à être en accord entre notre travail et ce que devrait être le soin de l'Amazonie pour vivre dans la dignité. Cela implique d'être reconnu.e.s comme des acteurs clé dans la prise de décisions politique, économique, culturelle, spirituelle et environnementale, afin de  diriger celles ci par la coexistence harmonieuse entre les résidents et le territoire amazonien.

 

Participation: la construction collective de savoirs est la base fondamentale de l'articulation des actions de transformation, pour le soin et la défense de l'Amazonie dans la perspective des communautés et des sociétés de Bien Vivre. Le FOSPA doit se doter d’un système de participation décisionel et protagonique du groupe d’organisations qui y cheminons , issues de la diversité et de la communauté, afin de construire la pensée et l’action de ce processus de transformations.

 

L'action sans mal: nous invite à adopter une attitude d'engagement total envers l'environnement amazonien, qui transforme le FOSPA en une expérience pédagogique de la vie communautaire. Qu'aucun acte ne transgresse la coexistence entre les peuples et la nature, ni n'interfère avec notre volonté de cheminer en tissant des rêves et des expériences.

 

Les propositions: c’est-à-dire d’organiser les efforts davantage dans le renforcement programmatique et organisationnel des alternatives que dans l’analyse des problèmes, qui ont déjà fait l’objet d’une étude approfondie dans divers événements antérieurs. Il s’agit de ne pas séparer; L'analyse du problème doit être comme justification des propositions.

Les espaces transformateurs , favorisant la participation directe et réelle des diverses communautés de l’Amazonie aux initiatives de défense et de protection du territoire amazonien, suscitant la solidarité d’autres acteurs, issus d’autres scénarios nationaux et internationaux.

L'ancestralité , soulignant les façons de penser qu'ont eue  les peuples autochtones qui habitent aujourd'hui l'Amazonie alors qu'ils nous fournissent des éléments pour vivre ces manières de nous comprendre et d'être dans le monde en tant que partie de la nature. La mémoire vivante des communautés amazoniennes revêt une importance écologique qui, en temps de crise environnementale, est inestimable. Les exercices de mémoire sont décisifs pour la récupération des connaissances ancestrales.

Spiritualité: Les alternatives pour faire face à la crise de civilisation doivent être enracinées dans un système de croyances et de valeurs qui transcende la rationalité. Garder à l’esprit, dans l’identité du divers;  les autres cosmologies incorporant des savoirs écologiques et sociaux, c’est l’occasion de remettre en question des systèmes épistémologiques ancrés dans des rationalités d’appropriation, de compétence et de hiérarchie qui éloignent les peuples de leur conscience communautaire et de producteurs de vie.

 

Équité entre les sexes: Le manque d'appréciation de la vie engendrée en Amazonie, ainsi que de la vie générée par les femmes, a conduit à des violences dirigées à la fois  vers le territoire et  vers les femmes. C'est pourquoi nous nous félicitons des prémisses du féminisme communautaire à partir desquelles le mouvement social reconnaît le capitalisme et le patriarcat, en tant qu'éléments fondamentaux de toutes les dominations qui entravent la liberté des hommes et des femmes. Il n'est pas nécessaire de continuer à penser que une chose est la lutte du féminisme pour les droits des femmes et autre chose est celle de la classe populaire pour la défense des territoires ».

Nous soulignons ici la forte imbrication entre capitalisme et patriarcat, l'assimilant à la rationalité systémique de la domination, où les inégalités et l'opprobre se multiplient chez les femmes en se basant sur la répartition sexuelle imposée du travail , séparant le productif du reproducteur. Dans cette condition, les idées et les tâches des femmes sont ignorées, reléguées dans des espaces privés et non remunérées; c'est-à-dire qu'il y a appropriation du travail des femmes pour la reproduction du capital. L'appropriation du travail et du corps des femmes est associée à l'appropriation de la nature, car il est impossible de séparer les deux formes d'exploitation et de soumission.

Il est nécessaire de comprendre les inégalités entre hommes et femmes, leur impact sur le développement, les forces qui les perpétuent et les forces qui peuvent les changer, en tant qu’outil d’analyse et de changement, car sans les femme, il n’existe pas de développement possible. développement comme un droit en soi pour toutes et tous.

5          AXES PROGRAMMATIQUES

Compte tenu des prémisses et des critères présentés ici, nous pensons que nous pourrions ensuite parler d’ axes programmatiques, en les concevant comme les piliers structurants de notre projet de vie pour l’Amazonie, que nous construisons à partir de la diversité des territoires, des peuples, des organisations et des actions qui convergeons aujourd’hui. dans la défense et le soin de l’Amazone. Nous les avons regroupés en trois aspects généraux:

5.1      PEUPLES ET CULTURES DE L'IDENTITÉ AMAZONIE

La culture est un concept complexe qui peut être perçu comme la manière dont les gens donnent un sens à chaque acte de notre vie quotidienne, en se connectant à des récits écologiques et sociaux spécifiques. Vivre en Amazonie implique un dialogue avec les savoirs ancestraux qui ont protégé ce territoire, en développant des modèles architecturaux, gastronomiques et éducatifs, en tant que dynamiques culturelles adaptées à la forêt amazonienne et aux Andes. Ceux qui l'occupons devons réorganiser notre territoire et notre pensée à partir de l'eau comme un élément prioritaire de la vie et de l'identité de l'Amazonie, car nous sommes des gens de la f^rêt, du fleuve, de la mer, de la montagne et des landes d'altitude.

Cet axe d’action a pour but de renforcer l’identité amazonienne des peuples et des cultures, rurales et urbaines, en tant que fondement de la défense et de la protection intégrale de l’Amazonie, en vue de la consolidation des communautés et des sociétés de Bien Vivre.

Des @ questions pouvant guider les discussions au sein de cet axe seraient les suivantes:

Quelles sont les pensées et les pratiques qui nous permettraient d’approfondir l’identité amazonienne face à la colonisation idéologique que les économies de capitaux amènent avec elles?

Comment ne pas nous laisser diviser et résoudre de manière autonome nos propres conflits de genre, interethniques et interculturels ?

Comment retrouver notre sens communautaire et territorial de la vie amazonienne?

Quels sont les principes ou les directives qui donneraient un caractère amazonien à nos pratiques économiques et sociales, en matière de production, de marché, de consommation, d’éducation, de santé, de communication, d’art,… en tant qu’hommes et en tant que femmes?

Comment comprendre l'identité amazonienne des Andes à l'Atlantique, ses territoires, ses peuples, ses cultures, ses genres?

Certains des sujets pouvant être couverts par cet axe de programmation sont les suivants :

Sujets:

§   Identités amazoniennes - autochtones, paysannes, noires, urbaines §   Savoir ancestral et spiritualités §   Médecines naturelles, ancestrales et traditionnelles §   Education communautaire et interculturelle

§   Les villes amazoniennes pour Bien Vivre §   Communications pour le Bien Vivre de l'Amazonie §   Nouvelles masculinités §   Mémoire historique

5.2      TERRITOIRES ET CHEMINS DE VIE

Le territoire constitue la base matérielle et spirituelle des peuples, un espace physique et significatif pour les cultures de la vie amazonienne. Par conséquent, nous comprenons le territoire comme un élément fondamental du processus FOSPA, sa défense et sa préoccupation, étant ce qui nous convoque devant l'irrationalité économique du capital, qui cherche à placer les forêts, les rivières, l'énergie et les cultures de l'Amazonie sur son marché.mondial. Par conséquent, nous constatons que les moyens d’intervenir et d’habiter l’Amazonie à partir de ses territorialités sont en litige; d’une part, la conception développementaliste du capital et, d’autre part, celle des peuples, qui cherchent à lui donner un sens de vie et d’harmonie.

C’est pourquoi nous interprétons que c’est autour du sens vital de l’eau, des forêts, de la nourriture ou de l’énergie qu’il est nécessaire de comprendre les territoires amazoniens et les possibilités de leur réharmonisation, dans une perspective différente de celle du développement extractiviste. Pour cette raison, nous pensons qu'ils devraient être regroupés, en une intégration territoriale et sociale. Nous pourrions parler ici de propositions telles que la Transition Energétique, la Souveraineté Alimentaire, la gestion communautaire de l'eau ou la gestion communautaire de la forêt, entre autres, en termes de développement communautaire du territoire.

Quelques @ questions qui pourraient guider les discussions:

Quelles stratégies peuvent être utilisées pour défendre la vie en Amazonie face au démantèlement des droits de l'homme et de la Nature au niveau mondial?

Quel est le rôle des universités et de la recherche dans le positionnement de modèles alternatifs à l’économie néolibérale ou capitaliste?

Comment positionner  un regard différent sur le modèle capitaliste qui fournisse des alternatives pour faire la transition vers un nouveau modèle de vie durable?

Certains des sujets pouvant être couverts par cet axe de programmation sont les suivants :

Sujets:

 

§   Transition énergétique §   Justice hydrique : DefenseBasin et Páramos Defence. §   Paix, droits de l'homme et nature. §   Gestion communautaire de l'eau et des forêts

§   Biopiratage et brevets; droits et contrats d'usage §   Economie paysanne et ethno-amazonienne §   Démilitarisation de la vie amazonienne §   Sécurité alimentaire et souveraineté §   Amazon et changement climatique