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Forum social Irakien

http://journal.alternatives.ca/spip.php?article8500 

A Baghdad, le Forum Social retrouve toutes ses lettres de noblesse

Michel 4 décembre 2018

Du 22 au 25 novembre derniers, j’ai eu l’opportunité de participer à un événement trop peu connu (du moins du nord !) à Baghdad. Une rencontre regroupant des militantes et militants de toutes confessions religieuses, provenant de 11 villes irakiennes, organisés autour de 8 thèmes structurant leurs luttes de chaque jour pour le changement social. Cet événement, en soit extraordinaire mais encore davantage dans un pays au prise avec autant de difficultés, c’était le Forum social Irakien, sans doute un des modèles de forum social national parmi les plus matures et surtout les plus utiles qu’il m’ait été donné de connaître au sein de la grande mouvance des forums sociaux auxquels j’ai eu la chance de participer.

J’en ai tiré trois leçons à retenir pour le succès de forums sociaux :

Leçon 1 : Une structure « à 2 niveaux », facilitant à la fois la participation locale et nationale

Le Forum Social Irakien en est cette année à sa 5e édition annuelle. Sa structure ouverte, « à deux niveaux », à la fois géographique et thématique, permet une implication large d’à peu près tous les mouvements et organisations au niveau où ils le souhaitent.

Onze forums sociaux municipaux constituent la couche de participation géographique. Les organisations membres du Forum social irakien peuvent ainsi se mobiliser avec d’autres groupes similaires actifs au niveau de leur forum local sur leurs enjeux spécifiques. Ils peuvent se coordonner pour un travail spécifique à leur niveau, local ou régional, et/ou choisir d’amener leurs visions locales/régionales au sein du processus national.

Mais les organisations peuvent aussi choisir d’organiser leur implication au niveau thématique. Huit « parcours » thématiques mobilisent les groupes. Ces chemins sont :

- Droits civils et politiques (liberté d’expression et de presse) ; 
- Droits économiques, sociaux et justice sociale ; 
- Environnement et eau ; 
- Droits des femmes et égalité ; 
- Non-violence et consolidation de la paix ; 
- Droits des minorités et coexistence ; 
- Droit à l’éducation ; 
- Patrimoine et préservation .

À ce niveau, le travail ne convergence n’est plus que local ou régional mais visent une intégration nationale de toutes les organisations partie prenante du « parcours ». À ce niveau, on vise non seulement à une meilleure convergence avec les autres mouvements sur les enjeux thématiques, mais surtout à déployer ensemble un nouveau programme d’activités pour, notamment, le travail de plaidoyer auprès des divers institutions gouvernementales susceptibles de faire des changements aux législations en fonction des demandes de la société civile.

Leçon 2 : Cinq années de convergence... en continue

La premier constat à faire de ce processus est que l’événement de novembre dernier n’est vu par personne comme la finalité du processus. Au contraire, on parle des trois jours annuels à Baghdad comme d’une saison qui revient une fois l’an tout en précisant aussi l’utilité des autres saisons de l’année qui voient le reste des processus se mettre en action. Les organisations parties prenantes des parcours thématiques se rencontrent mensuellement et développent une programmation annuelle propre à ce parcours. Chacun des forums municipaux ont aussi leurs propres processus et le forum national dans ce contexte n’est plus que ce qu’il doit être ; une étape annuelle visant la mise en commun de tous cela. Il demeure important bien évidemment que ce tienne ce forum social irakien, mais l’emphase est mise sur le fonctionnement de la structure à deux niveaux qui est le réel résultat du processus.

Dans ce contexte, il est évident de plus que le forum social irakien est moins une activité « grand public » qu’une rencontre de représentants d’organisations. On ne vise pas ici le nombre de participants qui viendraient seulement par curiosité prendre connaissance d’un enjeu ou participer à un atelier mais bien la participation des militant.e.s actifs à un niveau ou un autre du Forum.

Leçon 3 : Le Forum à l’extérieur du Forum

Contrairement à plusieurs forums auxquels j’ai pu participer, le FSI en cherche pas à regrouper ensemble toutes ces activités. Au contraire, les parties prenantes du FSI maintiennent sa présence sociale et médiatique en organisant au fil de l’année différentes activités au nom du FSI. Il en résulte un effet réel de construction de la société civile qui apparaît le plus souvent unie et pleine d’initiatives.

Davantage, cette situation répond aussi à la fameuse question de la pertinence politique du Forum social irakien qui, contrairement à ce sentiment d’inutilité que certains Forum sociaux sans projet ont pu laisser, apparaît pour tous les groupes impliqués de même que pour les observateurs comme ayant une réelle valeur ajouté.

Un exemple concret, le Marathon annuel pour la paix organisé cette année le 30 novembre à Baghdad et qui a regroupé des milliers de jeunes et moins jeunes coureurs et coureuses pour la paix.

La plupart des « parcours » vont ainsi au fil de l’année inviter le public à participer à l’une ou l’autre de leurs activités au nom du Forum social Irakien. C’est ainsi qu’un forum social peut inviter la population à s’organiser autour d’un budget participatif, d’une campagne pour une représentation équitable des femmes au sein des institutions gouvernementales, ou encore d’une autre pour sauver le fleuve Tigre.

En conclusion :

Ce qui est intéressant ici, c’est qu’il n’y a pas de conclusion. Ces trois petites leçons qui pourraient apparaître un peu simplistes permettent justement de ne pas entrevoir le forum avec une fin à court terme mais plutôt comme un processus en pleine croissance et qui a encore beaucoup à donner à la société civile irakienne et plus globalement à l’Irak.

Je ne peux qu’espérer que d’autres sociétés s’en inspirent lorsque viendra le temps d’organiser leurs propres processus.

 

 

 

 

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 http://www.alterinter.org/spip.php?article4705

 

In Baghdad, the Social Forum Regains its Relevance

Last November 22nd to the 25th, I had the opportunity to participate in a little known event (at least in the North!) in Baghdad. A meeting bringing together activists of various faiths, from eleven Iraqi cities, organized around eight themes and articulating daily struggles towards social justice. This event, extraordinary by itself, but even more so in a country going through post-war trauma and conflicts, was the Iraqi Social Forum (“ISF”). The main lesson I learned is that the ISF is without a doubt one of the most mature and worthwhile models of a National Social Forum.

I want to share three observations. From these I drew lessons which can be highly relevant for the construction and success of national social forums elsewhere:

Observation 1: A two-layered structure, allowing both geographic and thematic involvement

This years was the fifth edition of the Iraqi Social Forum . Its open, "two-layers" structure, one geographical and the other thematic, are allowing broad involvement of just about every movement and organization at the level it wants.

Eleven municipal social forums constitute the geographical participation layer. At this level, grassroots organizations can mobilize with groups active in their cities or region (on a wide array of issues) or choose to coordinate with these local actors to bring their specific municipal/regional visions into the national process.

Organizations can also choose to involve themselves into one of the eight thematic “paths” (issues based platforms of organizations within the ISF), where groups are developing issues based joint action plans. Those eight paths are:

  • Civil and political rights (freedom of expression and press);
  • Economic and social rights;
  • Environment and water;
  • Women’s rights and equality;
  • Non-violence and peacebuilding;
  • Minority rights and coexistence;
  • Right to education; 
  • Heritage and preservation.

At this level, the convergence of action is not just local or regional, but rather aims at national integration of all stakeholder organizations in the thematic issue. Groups and movements are not only seeking a better convergence with the other movements on the thematic issues, but above all, they wish to deploy together a new program of activities. For example, to do advocacy work with the various government institutions pushing for changes to legislations according to the demands of civil society.

Observation 2: Five Years of Ongoing Convergence

The event of this past November was not understood by its participants as an end goal . Quite the contrary, the three day event was understood as a moment – a season - that comes back every year in order to bring all social movements together while the others seasons of the year are dedicated to movements, local forums, and thematic paths working to come into action.

Organizations involved on thematic issues meet monthly and develop yearly-specific action plans. Each of the municipal forums also have their own processes and the national forum in this context is just what it needs to be; an annual step to pool all of this.

It remains important, of course, for this Iraqi Social Forum to be held every year but the emphasis is on the very existence of a functioning two-layer structure as the real result of the process.

In this context, it is clear that the ISF is not so much a "mainstream" activity looking to harness wide support but rather a meeting of representatives of different organizations involved in the different movements articulated around different priorities.

Observation 3: The ISF, 12 months a year

National Social Forums often feature their own programming, but rarely endorse civil society initiatives after the event. Continuity is often the problem. The ISF has the particularity of actively working for social movements by endorsing all year long a wide array of meetings, actions, and spaces. The result is a cohesive approach to movement building that forces constant traction. The ISF is not one big important annual event, but a year long process that touches base nationally once a year.

Concrete examples include ISF initiatives to organize around participatory budget, campaign for a fair representation of women in government institutions, or another to save the Tigris River. On November 30, the ISF organized its annual Peace Marathon in Baghdad, which brought together thousands of young and old runners for peace.

The vision of a proactive ISF connected to its grassroots base responds to the important question of the political relevance of its processes specifically, and maybe, the political relevance of social forums more globally. The ISF, contrary to a sense of irrelevance that some Social Forums bereft of visions have left us with, appears for all the groups involved as well as other observers, as a process with a tangible added value for civil society groups. Therein lies the movement building of a united, driven and engaging civil society.

In conclusion :

What is interesting here is that there is no conclusion. The Iraqi Social Forum still has a lot to achieve.

But these three observations that might appear oversimplified are nonetheless crucial for they are allowing the event and its process not to be built towards a short-term goal but rather as a process in full growth and which still has much to give to the Iraqi civil society and more generally to Iraq.

I can only hope that other civil society groups working at national level in different parts of the world will take inspiration from the Iraqi Social Forum when it comes time to organize their own processes.