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E la nave va

Chico Whitaker

Pendant la saison d’évaluation vécue maintenant par le Forum Social Mondial, la tendance est de concentrer notre attention sur son événement principal, c'est-à-dire, sur le Forum Social Mondial proprement dit.  Quinze ans d’éditions de ce Forum est une bonne période pour faire des bilans. Mais beaucoup considèrent qu’une bonne révision est opportune non seulement par cette raison mais parce que sans doute le FSM n’a plus la force qu’il avait atteint, en réunissant 150 000 personnes à Porto Alegre, cinq ans après le premier Forum, ou lorsque il a eu autant de participants à Belem, en 2009. Et qu’il aurait alors disparu de nombreux radars, ce qu’exigerait une réflexion sur quoi faire pour qu’il ait la pertinence qu’il a eu.

D’autres, à leur tour, considèrent qu’une révision est nécessaire parce que le monde a beaucoup changé depuis que le FSM a été proposé par un groupe d’organisations et mouvements sociaux brésiliens. Et il faudrait une ré-adéquation de cette proposition face aux problèmes et aux défis actuels du monde et à l’évolution de l’action des forces politiques. Aurions-nous besoin de changer le caractère du Forum ainsi que la façon dont il est réalisé, en ne respectant plus ou en révisant sa Charte de Principes, élaborée à partir de la réussite du premier en 2001 ?

Ce débat, qui se développe à l’intérieur et autour du Conseil International du Forum, a conduit à mettre en question également la fonction et le mode de travail de cette instance même, créé également après le premier Forum. Et le CI vit depuis plusieurs années une grande crise d’identité et de fonctionnement, après avoir joué un rôle essentiel dans les décisions prises pour la réalisation de ces événements dans plusieurs endroits de la planète et sur la méthodologie de son organisation.

Mais j’ai vécu et suivi des expériences qui me font croire qu’il faudrait nous pencher aussi sur ce que nous avons appelé le « processus du FSM », au-delà des événements mondiaux et de la crise même du CI. Ce « processus » est l’ensemble des forums sociaux régionaux, nationaux et locaux, et maintenant aussi Thématiques, qui surgissent où des militants veulent bien les organiser. Et pour caractériser ce que se passe avec ce « processus », j’utiliserais l’image créée par le titre d’un film de Fellini, que j’ai pris comme titre de ces réflexions : e la nave va.

Cette expression à le même pouvoir de synthèse de l’expression populaire moins gentille qui dit « la caravane avance malgré les chiens qui aboient » : elle résume bien la façon dont quelque chose qui se fait ou se passe suit son chemin avec sa propre force sans être dérangé.

J’associerais le « processus du Forum Social Mondial » à la première de ces expressions, plus légère et plus proche de l’ambiance de bonne humeur et sans grincements de dents qu’on arrive à créer dans les FSM, en cherchant à les libérer de luttes internes de pouvoir.

Il devient de plus en plus compliqué de décider où devra se réaliser l’évènement principal de ce processus à chaque deux ans - périodicité adoptée avant le FSM de Belém, en 2009. Les discussions à ce sujet au sein du CI courent le risque de l’immobiliser encore plus. Et certains de ses membres ont même déjà soulevé la possibilité d’organiser l’événement FSM moins souvent, c'est-à-dire tous les trois ans au lieu de tous les deux ans.

Alors, ce n’est pas la même chose qui se produit avec le processus, qui semble avoir déjà entré dans la catégorie des Biens Communs de l’humanité, dont la caractéristique fondamentale est qu’ils n’ont pas de propriétaire et sont également au service de tous. Le « processus du FSM » se développe de façon entièrement autonome, avec sa propre force, sans dépendre de personne, ni de décisions de commandants ou des désirs des insatisfaits, et sans être non plus contrôlé par personne. Il y a plusieurs « Forums sociaux » qui se réalisent dans le monde entier, dont le CI ne prend connaissance que si quelqu'un lui apporte des informations - comme, si ma mémoire est bonne, dans sa réunion à Dakar, en 2011, quand nous avons été surpris, positivement, avec l’information, apportée par Gus Massiah, de plus de 50 Forums Sociaux réalisés l’année précédente. La majorité des membres du CI n’avait pas eu connaissance de la plupart de ces Forums Sociaux.

Je dirais que, tout en continuant nos discussions sur le choix des lieux de réalisation des FSM, ou sur l’amélioration du CI pour qu’il réponde de façon adéquate à ses fonctions en ce qui concerne les événements mondiaux, nous pourrions peut-être aider davantage les Forums Sociaux tenues dans le « processus du FSM », dans lesquels c’est la dynamique des Biens Communs – sans propriétaires - qui leur donne vie.

Dans la mesure où ces Forums sociaux sont effectivement des « espaces ouverts horizontaux »  sans personne qui les « dirigent », dans lesquels il y a le respect de la diversité et l’émergence de nouvelles articulations, alliances et réseaux est facilitée, nous serons en train de construire la force dont nous avons besoin pour faire face au système qui domine le monde ; et qu’il faut qu’elle soit beaucoup plus grande que celle dont nous disposerons en continuant fragmentés et en concurrence les uns avec les autres dans nos propres terrains. L’effort de construction de l’unité dans la diversité est en fait la grande nouveauté politique de la proposition faite par le Forum Social Mondial.

L’événement mondial est évidemment nécessaire et doit se réaliser régulièrement, parce qu’il résume et symbolise une alternative pour le monde : celle que la société civile propose à une Humanité de plus en plus angoissée avec les tristes perspectives politiques, écologiques et humaines découlant de la domination de la planète par le capital. Mais cet événement – qui sera toujours le principal - ne représentera une avancée vers l’ « autre monde possible » que si les luttes des mouvements sociaux qui y participent avancent en fait dans chacun des multiples fronts dans lesquels nous devons surmonter cette domination.

Au sein du « processus FSM » les Forums Sociaux Thématiques, de portée géographique variable, sont alors une nouveauté qui le dynamise encore plus. Ils commencent à se multiplier, en répondant à la nécessité de concentrer les « espaces ouverts » sur des luttes spécifiques, de façon à pouvoir avancer de façon plus approfondie, plus précise et plus détaillé dans le lancement d’actions concrètes.

Je vis personnellement une de ces expériences, avec les Forums Sociaux Thématiques sur le nucléaire, qui rassemblent ceux qui, dans différents pays, luttent pour un monde sans bombes atomique ni centrales nucléaires.

A partir de propositions faites dans des activités du FSM de 2015 à Tunis, s’est tenue à Tokyo, un an plus tard, le premier Forum Social Thématique contre l’utilisation civile et militaire du nucléaire. Il a été fait, dans ce Forum, un appel pour la construction d’un réseau mondial anti-nucléaire. Donnant suite à cet appel, un deuxième Forum de ce type et autour de ce thème a été réalisé, encore en 2016, à Montréal, en tant qu’activité du Forum Social Mondial de cette année. Ses participants ont rédigé alors une déclaration qui explique de façon didactique pourquoi nous devons être contre le nucléaire. Les organisations anti-nucléaires françaises discutent maintenant la proposition de réaliser un troisième Forum Social sur ce thème en Europe en novembre 2017.

La France est l’un des pays qui ont réalisé beaucoup de tests avec des bombes atomiques pendant la Guerre Froide, en contaminant avec de la radioactivité des vastes territoires. Elle possède un grand arsenal de ces armes, qui menacent, avec d’autres stocks égaux ou supérieurs possédés par d’autres pays, la continuité même de la vie sur la Terre. Elle est aussi le pays le plus nucléarisé au monde, avec 75 % de son électricité produite par des centrales nucléaires. La possibilité d’accidents comme ceux de Tchernobyl en Russie et Fukushima au Japon est le grand cauchemar du pays, ainsi que le problème non résolu du destin à donner aux tonnes de déchets radioactifs qui s’y accumulent.

Alors, l’une des caractéristiques de la lutte antinucléaire française est exactement sa fragmentation. Les organisations qui agissent dans ce domaine ont des difficultés à s‘entendre entre elles, pour pouvoir s’unir, ce qui les affaiblit face à un ennemi commun très puissant. Un Forum Social Thématique réalisé dans ce pays - et ce sera encore mieux s’il s’étend à l’Europe – aura un rôle très important.

Dans la dynamique lancée dans la discussion du Forum Social Thématique en France, j’ai été récemment en mesure de contribuer avec des notes sur mon expérience dans l’organisation de Forums Sociaux de différents types et niveaux. J’ai pris en compte que la plupart des ceux qui organisent ce Forum n’ont pas participé de Forums Mondiaux, ne sont pas habitués aux nouveautés de l’organisation des Forums Sociaux - une « invention politique », dans l’expression créé par un de nos camarades – et n’ont pas nécessairement une grande connaissance du contenu de la Charte des Principes du FSM. J’enverrai avec plaisir ces notes à ceux qui considèrent, comme moi, qu’il vaut la peine de multiplier les Forums Sociaux dans le monde, pour donner toujours plus de consistance au « processus du Forum Social mondial ».

27/09/2016

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E la nave va

Chico Whitaker

Na temporada de avaliação que o Fórum Social Mundial está vivendo, a tendência é concentramos nossa atenção no seu evento principal, isto é, no Fórum Social Mundial propriamente dito. Quinze anos de edições desse Fórum é um bom período para fazer balanços. Mas muitos consideram que é oportuna uma boa revisão não somente por isso mas porque sem dúvida o FSM já não tem o vigor que alcançou, ao reunir 150 mil pessoas em Porto Alegre, cinco anos depois do primeiro Fórum, ou quando teve outro tanto de participantes em Belém, em 2009. E que por isso ele desapareceu de muitos radares, o que exigiria que refletíssemos sobre como fazer para que volte a ter a relevância que já teve.

Outros, por outro lado, consideram que uma revisão é necessária porque o mundo mudou muito desde que a proposta do FSM foi feita por um grupo de organizações e movimentos sociais brasileiros. E isto exigiria uma readequação dessa proposta frente aos problemas e desafios atuais do mundo e à própria evolução na ação das forças políticas. Seria preciso mudar o caráter do Fórum assim como o modo dele se realizar, deixando-se de respeitar ou revendo sua Carta de Princípios, elaborada a partir do sucesso do primeiro em 2001?

Esse debate, que se desenvolve dentro e em torno do Conselho Internacional do Fórum, tem levado a questionar igualmente a função e o modo de trabalhar dessa própria instância, criada igualmente depois do primeiro Fórum. E o CI vive há vários anos uma grande crise de identidade e de funcionamento, depois de ter cumprido um papel essencial nas decisões sobre a realização desses eventos pelo planeta afora e sobre a metodologia de sua organização.

Mas eu tenho vivido e acompanhado experiências que me levam a acreditar que precisaríamos voltar nossas atenções também para o que temos chamado de “processo do FSM”, mais além dos eventos mundiais e da própria crise do CI. Esse “processo” é o conjunto de Fóruns Sociais Regionais, Nacionais e Locais, e agora também Temáticos, que surgem onde militantes querem organizá-los. E para caracterizar o que se passa com esse “processo”, eu utilizaria a imagem criada pelo título de um filme de Fellini, que usei como título destas reflexões: e la nave va.

Esta expressão tem o mesmo poder de síntese do dito popular menos gentil que diz que “a caravana passa enquanto os cães ladram”: ela resume bem o modo como algo que está sendo feito ou está acontecendo segue seu caminho com força própria, sem ser incomodado.

Eu associaria o “processo do Fórum Social Mundial” à primeira dessas expressões, mais leve e mais próxima do ambiente alegre e sem ranger de dentes que conseguimos criar nos FSM – ao libertá-los de lutas pelo poder dentro deles.

Está se tornando cada vez mais complicado decidir onde se realizará o principal evento desse processo a cada dois anos – periodicidade adotada antes do FSM de Belém, em 2009. As discussões a respeito dentro do CI correm até o risco de imobilizá-lo mais do que está. E alguns de seus membros até já levantam a hipótese do evento FSM ser organizado com menor frequência, isto é, a cada três em vez de a cada dois anos.

Ora, o mesmo não ocorre com o processo, que parece já ter entrado para a categoria dos Bens Comuns da Humanidade, cuja característica fundamental é não terem dono e estarem igualmente ao serviço de todos. O processo do FSM se desenvolve de maneira totalmente autônoma, com força própria, sem depender de ninguém, nem da decisão de comandantes nem de desejos de insatisfeitos, e sem nenhum controle. Há muitos “Fóruns Sociais” ocorrendo pelo mundo afora, dos quais o CI só toma conhecimento quando alguém lhe leva dados a respeito – como, se não me falha a memória, em sua reunião de Dakar, em 2011, em que ficamos surpreendidos, positivamente, com a informação, trazida por Gus Massiah, de que no ano anterior tinham sido realizados mais de 50 Fóruns Sociais. A maioria dos membros do CI nem sabia da maioria dos que tinham acontecido.

Eu diria que, continuando nossas discussões em torno da escolha dos locais de realização dos FSM, ou de como melhorar o CI para que cumpra adequadamente suas funções relativas aos eventos mundiais, talvez possamos ajudar mais os Fóruns Sociais que se realizam no “processo do FSM”, nos quais é a dinâmica dos Bens Comuns – sem donos - que lhes dá vida.

Na medida em que esses Fóruns Sociais forem efetivamente “espaços abertos horizontais”, sem ninguém que os “dirija”, nos quais se respeite a diversidade e se facilite o surgimento de novas articulações, alianças e redes, estaremos construindo a força que precisamos ter para enfrentar o sistema que domina o mundo; e que tem que ser muito maior do que aquela de que disporemos se continuarmos fragmentados ou competindo uns com os outros dentro de nosso próprio campo. O esforço pela construção da unidade, na diversidade, é de fato a grande novidade política da proposta levantada pelo Fórum Social Mundial.

O evento mundial é evidentemente necessário, e deve acontecer periodicamente, porque resume e simboliza uma alternativa para o mundo: aquela que a sociedade civil propõe a uma Humanidade cada vez mais angustiada com as tristes perspectivas políticas, ecológicas e humanas decorrentes do domínio do planeta pelo capital. Mas esse evento – que será sempre o principal - só pode representar um avanço rumo ao “outro mundo possível” se as lutas dos movimentos sociais que dele participam estiverem de fato avançando em cada uma das múltiplas frentes em que temos que superar esse domínio.

Dentro do “processo do FSM” os Fóruns Sociais Temáticos, com área de abrangência geográfica variável, são então uma novidade que o dinamiza ainda mais. Eles começam a se multiplicar, respondendo à necessidade de focar os “espaços abertos” em lutas especificas, de forma a poder avançar com mais aprofundamento, precisão e detalhe no lançamento de ações concretas.

Eu estou vivendo pessoalmente uma destas experiências, com os Fóruns Sociais Temáticos sobre o nuclear, reunindo aqueles que, em diferentes países, lutam por um mundo sem bombas atômicas nem usinas nucleares.

A partir de propostas surgidas em atividades no FSM de 2015 em Túnis, foi realizado em Tóquio, um ano depois, um primeiro Fórum Social Temático contra o uso civil e militar do nuclear. Nele se lançou um apelo pela construção de uma rede mundial antinuclear. Dando seguimento a esse apelo, um segundo Fórum desse tipo e em torno desse tema foi realizado, ainda em 2016, como uma atividade no Fórum Social Mundial de Montreal. Nele emergiu uma Declaração que explica didaticamente porque é preciso ser contra o nuclear. Agora, organizações antinucleares francesas discutem a proposta de realizar um terceiro Fórum Temático antinuclear na Europa em novembro de 2017.

A França é um dos países que fizeram mais testes com bombas atômicas durante a Guerra Fria, contaminando com radioatividade grandes territórios. Ela dispõe de um grande arsenal dessas armas, que ameaçam, com outros arsenais iguais ou maiores de outros países, a própria continuidade da vida na Terra. Ela é também o país mais nuclearizado do mundo, com uma matriz energética em que 75% da sua eletricidade é produzida por usinas nucleares. A possiblidade de acidentes como os de Chernobyl na Rússia e de Fukushima no Japão é o grande pesadelo do país, assim como o problema ainda não resolvido do destino a dar às toneladas de lixo radioativo que nele se acumulam.

Ora, uma das caraterísticas da luta antinuclear francesa é exatamente sua fragmentação. As organizações que agem nesse campo têm dificuldade em se entender entre elas, para poderem se unir, o que as enfraquece diante de um inimigo comum poderosíssimo. Um Fórum Social Temático realizado nesse país – e será ainda melhor se ele se ampliar para o espaço europeu – cumprirá um papel relevantíssimo.

Dentro da dinâmica lançada na discussão sobre o Fórum Temático na França, pude contribuir há pouco com o relato das experiências que vivi na organização de Fóruns Sociais de diferentes tipos e níveis. Levei em conta que a maioria das pessoas que organizam esse Fórum não participaram de Fóruns Mundiais, não estão habituadas às novidades organizativas dos Fóruns Sociais - uma “invenção política”, na expressão cunhada por um de nossos companheiros – e nem têm necessariamente um maior conhecimento do conteúdo da Carta de Princípios do FSM. Enviarei com prazer esse texto a quem considere, como eu, que vale a pena multiplicar Fóruns Sociais pelo mundo afora, para dar cada vez consistência ao “processo do Fórum Social Mundial”.

27/09/2016