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last modified December 24, 2012 by facilitfsm


L’AVENIR DU CONSEIL INTERNATIONAL

 

Gus 29 octobre 2012

 

Je voudrais donner là mon appréciation d’ensemble sur la question du CI et de son renouvellement. Je suis aussi à la disposition des sous-groupes de travail en fonction de leur avancement et de leur demande.

Sommaire

La préparation du FSM 2013 déterminera l’avenir du CI 1

Le dialogue avec les pouvoirs publics. 2

Le CI et le rôle central des FSM... 2

Définir les objectifs du CI 3

Les jonctions avec les nouveaux mouvements. 4

Les mouvements sociaux confrontés à la différenciation des situations. 5

Le fonctionnement du CI 6

 

 

 

La préparation du FSM 2013 déterminera l’avenir du CI

 

A Monastir, nous avons décidé de créer deux groupes de travail, l’un sur la préparation du FSM 2013 à Tunis, l’autre sur l’avenir du CI. Nous avons ainsi accepté les deux étapes qui se présentent à nous. D’autant qu’il est certain que la préparation et la réussite du FSM 2013 va grandement déterminer l’avenir du CI.  

 

Les comités tunisien et maghrébin font face pour la préparation. Et ce n’est pas facile. Ils viennent de préciser et d’annoncer à Oujda, à l’occasion du Forum social maghrébin des migrants, l’état actuel de la préparation du Forum, à Tunis, du 26 au 30 mars 2013. Cette préparation sera difficile mais les conditions sont réunies pour que ce Forum puisse se tenir et peut-être même, soit un grand succès.

 

Nous savons que deux conditions sont indispensables pour qu’un Forum social mondial soit possible : qu’il existe une coalition de mouvements représentatifs susceptibles d’organiser le forum et d’inviter les mouvements sociaux à venir et que les pouvoirs publics, gouvernement et municipalité, l’accepte et fasse preuve pour le moins d’une neutralité bienveillante.  

 

Le Secrétariat Tunisien du Forum Social Mondial 2013, est constitué de l’UGTT  du FTDES, de la LTDH, de l’ATFD,  de Raid-Attac, de l’Union des Diplômés chômeurs, de l’AFTURD, du CNLT et le barreau de Tunisie. Il s’inscrit dans le Comité de suivi du Forum social maghrébin qui en élargit l’assise. Ces mouvements tunisiens représentent une base large inscrite dans la société civile tunisienne. Ils ont élargi les mouvements impliqués dans le FSM à de nombreux mouvements qui ont été actifs dans les événements du « printemps tunisien » et toutes les luttes sociales et démocratiques qui ont construit la rupture de 2008. Le secrétariat cherche à élargir la base des mouvements invitants. Comme toujours, certains mouvements tunisiens ne se sentent pas représentés par ce regroupement et même s’y opposent ; mais ils ne remettent pas en cause l’importance et la nature des mouvements invitants. C’est souvent le cas, comme nous l’avions vu à Mumbai avec l’organisation d’un contre-FSM. Le FSM ne peut pas réussir à regrouper toutes les composantes et tous les courants du mouvement social.

 

La question la plus difficile est celle de l’organisation d’un forum inclusif en réunissant les conditions qui permettraient à des associations se référant à l’islam politique d’y participer. De ce point de vue il s’agit de préciser les références à la Charte qu’il faut mettre en avant : justice sociale et luttes contre les inégalités, libertés individuelles et collectives, refus de la violence. Pour que le forum ne soit pas exclusif, il faut aussi que les organisateurs du forum laissent jouer la diversité. La question qui est posée est celle des mouvements qui peuvent naître de l’évolution de l’islam politique. L’Assemblée maghrébine de Monastir a décidé la tenue d’un séminaire « islam et politique » qui devrait avoir lieu en janvier au Maroc et/ou en Tunisie. Deux questions sont posées au CI du point de vue de l’ouverture aux différentes cultures : celle de la formulation de la Charte (et non de ses valeurs) et celle de l’attention portée à l’évolution des mouvements.

 

 

Le dialogue avec les pouvoirs publics

 

La deuxième question porte sur le dialogue avec les pouvoirs publics. Pour l’instant, il se déroule bien ; le président de la République et le gouvernement ont affirmé leur bonne volonté. La tenue d’un Forum social mondial les intéresse ; il apparaît comme une garantie d’ouverture internationale de la Tunisie et aussi comme la manifestation d’une ouverture par rapport aux groupes qui étaient engagés dans la révolution depuis 2008. Pour le CI, se pose la question d’une réflexion sur nos rapports avec les gouvernements. L’autonomie du processus des forums sociaux reste une référence fondatrice. Pourtant, les mouvements sont tous engagés dans des positionnements et des négociations avec leurs gouvernements. Et la préparation des forums sociaux mondiaux a fait l’objet de discussions et de relations avec de très nombreux gouvernements. Comment s’appuyer sur ces réflexions et sur ces pratiques pour réfléchir à l’évolution des visions politiques des mouvements.  

 

L’appréciation du contexte politique a toujours été présente. Un Forum social mondial n’est pas organisé par rapport aux situations internes mais il ne peut s’en désintéresser. Nous savons nous-mêmes l’importance de l’interrogation présente à chaque FSM : a-t-il eu un impact sur la situation politique interne du point de vue des mouvements sociaux. Cette interrogation est très forte en Tunisie où la situation est instable. Il y a actuellement quatre pôles en confrontation : le pôle aujourd’hui majoritaire avec un groupe dominant, Ennahda dont la qualification va de « frère musulman » à « islamiste modéré » ; le pôle des partis de la gauche laïque dans lequel malgré sa fragmentation on retrouve les principaux organisateurs du forum ; le pôle conservateur traditionnel qui regroupe des forces de l’ancien régime et qui reste influent dans la police et l’administration ; le pôle des « salafistes » qualifié de « islamiste radical », minoritaire mais très organisé et déterminé. Cette configuration est propice aux provocations ; pour autant, elle ne paraît pas pour l’instant remettre en cause la sécurité nécessaire à la tenue du FSM. Les différents courants intéressés ont aussi affirmé que le FSM ne serait pas un enjeu des luttes entre les tendances et un espace d’affrontements sur les questions internes à la Tunisie.

 

Le CI et le rôle central des FSM

 

Dans la préparation du FSM 2013, nous commençons à vérifier le rôle central du FSM dans le processus des forums. C’est l’occasion d’événements spécifiques qui s’y préparent (Forum Mondial Science et Démocratie, Forums des Autorités locales, Forum de Parlementaires, Forum syndical) et de l’organisation d’activités qui sont directement issus d’autres événements (Rio+20, Forum des migrants d’Oujda, Forum Free Palestine, Tribunal Russell sur la Palestine, Forum Irakien, Forum Paix et désarmement, Florence+10 sur le mouvement social européen, etc.). Le CI devrait renforcer le lien d’information et de suivi de tous les événements qui se réfèrent au processus des forums. Le groupe de travail sur le suivi des événements doit être complété par un travail et une diffusion sur les contenus des événements.    

 

Pour le FSM 2013, la préparation a été confiée à un comité organisateur des mouvements tunisiens qui a lui-même souhaité le faire en liaison directe avec le comité du Forum maghreb-machrek. Après le Forum de Dakar, le CI avait émis le souhait que les « internationaux » du CI soient plus associés à la préparation. A Monastir, nous avions mesuré la difficulté à directement mobiliser les commissions du CI. Les comités tunisiens et maghrébins sont bien décidés à associer les internationaux du CI. C’est une expérience qui ne manque pas de difficultés et qu’il faudra apprécier, évaluer et développer. La difficulté joue pleinement sur la question du financement du FSM 2013. Ceux qui peuvent et qui veulent donnent un coup de main doivent y être associé, mais le comité organisateur reste bien seul dans cette aventure. La question posée au CI sur l’organisation des FSM est fondamentale. Continuons nous à déléguer notre principale tâche à des comités nationaux en leur en laissant toute les tâches et toute la responsabilité et que signifie cette délégation ? Et quel pourrait être une participation plus nette du CI dans la responsabilité des FSM et comment doit-il s’organiser pour y faire face ?     

 

 

Définir les objectifs du CI

 

Nous considérerons le CI comme le facilitateur du processus des FSM. Il n’en est pas la direction. Pour définir le rôle du CI, il faut revenir aux objectifs du processus des forums sociaux mondiaux. Le processus est celui de la convergence des mouvements sociaux et citoyens qui partagent des objectifs qui sont esquissés dans la Charte du FSM. C’est un espace international de convergence des mouvements sociaux. La convergence des mouvements peut prendre différentes formes. Le CI n’est pas le coordonnateur des mouvements. Il est le facilitateur de leur convergence dans leur action internationale, dans la construction d’un autre monde et d’une autre mondialisation.

 

Pour renforcer le processus, la question première est de savoir en quoi le processus et le CI servent aux mouvements pour renforcer leurs luttes et leurs mobilisations. On pourrait penser que le processus joue un rôle fondamental dans la possibilité de prendre en compte la dimension mondiale du contexte et de situer leur mobilisation dans ce contexte. Le processus devrait aussi constituer l’espace qui permette le renforcement des mobilisations par la convergence, les informations et les initiatives communes entre les mouvements. Cette dimension existe mais la prise de conscience de sa nécessité s’est affaiblie et les mouvements accordent moins de priorité à leur action internationale. Dans les premières années du FSM, l’action par rapport aux institutions internationales et au droit international prolongeait les grandes mobilisations de la fin des années 1990. Cette approche est moins présente du fait de la différenciation des situations dans les régions et dans les pays. La convergence entre les mouvements de même nature passe surtout par les réseaux mondiaux existants. Les Forums sociaux thématiques prennent en compte cette convergence et participent à son élargissement. Par contre la convergence entre des mouvements de nature différente est moins forte car on perçoit moins bien à quels débouchés politiques à moyen terme ils correspondent. Le CI devrait travailler sur cette question : comment le processus permet-il de mieux renforcer, dans l’urgence, les mobilisations des mouvements et leur convergence ?      

 

Une des questions qui revient souvent dans les débats sur l’évolution du processus est la suivante : comment gagner par rapport au néolibéralisme et à la bourgeoisie financière. Cette question est très importante ; elle recoupe celle des formes d’organisation du processus. Mais elle recouvre une autre question plus complexe : qu’est-ce que ça veut dire gagner ? D’une certaine manière, le processus des FSM a marqué des points sur le plan de la bataille des idées et sur le plan idéologique. Il a contribué à délégitimer le néolibéralisme et à faire avancer des propositions telles que la taxation financière, le contrôle du secteur financier, la nécessaire redistribution des revenus, la suppression des paradis fiscaux et judiciaires, etc. Mais ces avancées ne se sont pas traduites politiquement. On peut même dire que cette progression des idées portées par le FSM s’est traduite par une banalisation du mouvement qui explique en partie sa moindre visibilité médiatique. Si on ne se satisfait pas des batailles dans l’opinion mondiale, il reste la question des débouchés politiques. Or ces débouchés politiques dépendent des situations et renvoient à l’échelle des différents pays et des grandes régions. C’est une dimension que le Conseil International devrait mettre en évidence, suivre plus attentivement et soumettre au débat.   

 

Une autre question mérite aussi d’être posée : quelle est la nature des débats politiques dans le Conseil International. On peut toujours ramener un débat à la différenciation entre les réformistes et les révolutionnaires. Encore faut-il expliciter quelle forme prendrait cette distinction. Dans les années passées, plusieurs discussions ont été ouvertes. Une première distinction séparerait une ligne « anti-néolibérale » d’une ligne anticapitaliste. Cette distinction a perdu de son acuité avec une acceptation des limites du capitalisme et de l’actualité de son dépassement. Une deuxième distinction séparerait ceux qui voudraient se contenter d’un espace des forums et ceux qui souhaiteraient trouver d’autres formes de type « Internationale ». Cette distinction a perdu aussi de son acuité avec la reconnaissance de la possibilité de proposer d’autres prolongements sans remettre en cause l’intérêt de l’espace des forums et en admettant la nécessité d’une mutation des forums. Une troisième distinction tendait à séparer les mouvements sociaux d’un côté et les ONG de l’autre. Cette distinction se heurte à la difficulté de séparer les mouvements sociaux de certains mouvements citoyens et aussi au fait qu’il y a des ONG réformistes et des ONG radicales et qu’il y a aussi, dans les mouvements sociaux, des radicaux mais aussi des réformistes. Aucune de ces distinctions ne manque d’intérêt ou de pertinence, mais aucune d’entre elles ne structurent une séparation entre deux lignes qui structureraient les mouvements qui composent le Conseil International.  

 

Le processus des forums sociaux mondiaux est toujours d’actualité. L’orientation stratégique alternative, celle de l’accès aux droits pour tous et de l’égalité des droits, du local au planétaire, est confirmée. Et les mesures immédiates recherchées concernent toujours les conséquences de la crise sur les conditions de vie des couches populaires.

 

Les résistances des peuples ont accentué la crise du néolibéralisme. L’épuisement du néolibéralisme ne signifie pas pour autant le dépassement du capitalisme. Il ouvre une période de crise structurelle qui articule quatre dimensions : économiques et sociales, géopolitiques, idéologiques, écologiques. Les mouvements sociaux et citoyens permettent de penser cette crise. Ils sont confrontés à deux questions qui doivent amener le processus des forums sociaux à se renouveler. Le premier concerne la jonction avec les nouveaux mouvements ; la seconde concerne l’évolution de la situation des mouvements dans les différentes régions du monde.

 

 

Les jonctions avec les nouveaux mouvements

 

Les nouveaux mouvements se sont développés, depuis 2008, en Tunisie et en Egypte ; en Espagne, au Portugal et en Grèce avec les « indignés » ; aux Etats-Unis et ailleurs avec les « occupy » ; au Chili, en Colombie, au Québec, au Sénégal, en Croatie avec les mouvements des « nouvelles générations » qui souvent liés à la faillite du système éducatif mondial. Ces nouveaux mouvements sociaux ont leur dynamique propre. Les jonctions avec les mouvements plus anciens de l’altermondialisme existent mais elles sont diffuses. D’autant qu’aucun des deux ensembles n’est homogène  et qu’ils n’ont, ni l’un, ni l’autre, de formes de représentation permettant des discussions formelles.

 

Les premières jonctions tiennent à la nature des mots d’ordre explicités depuis Tunis et Le Caire et complétés par les autres mouvements. Il s’agit d’abord du refus de la misère sociale et des inégalités, du respect des libertés, du rejet des formes de domination. D’un mouvement à l’autre, il y a eu des affinements sur la dénonciation de la corruption et la désignation du « 1% des plus riches et des plus puissants » ; sur la revendication d’une « démocratie réelle » et le rejet de la fusion entre les classes financières et politiques ; sur les contraintes écologiques, de l’accaparement des terres et des matières premières à l’environnement. Au-delà des différenciations politiques et culturelles propres à chacun des deux ensembles, il y a des tendances spécifiques qui pourront se renforcer ou se contredire. Les nouveaux mouvements insistent plus sur les libertés individuelles par rapport à la revendication de justice sociale et d’égalité ; sur des approches « libertariennes » par rapport à l’affirmation de la régulation par la puissance publique ; sur des actions spectaculaires par rapport à l’action collective dans la durée.  

 

Les jonctions sont aussi présentes dans les tentatives, toujours difficiles, de construction d’une nouvelle culture politique. Il y a un fond commun entre le choix de l’horizontalité, l’affirmation de la diversité, la primauté donnée aux activités autogérées. Il reste de fortes spécificités sur la nature de l’espace public, territorial ou virtuel ; sur le rapport entre engagement individuel et collectif ; sur les limites des délégations et la nécessité de coordinations ; sur les modes d’organisation des mouvements ; sur les formes du rapport au politique. L’hypothèse de travail est que les deux ensembles de mouvements vont participer à la mutation qui aboutira à la naissance des mouvements de la nouvelle période, à celle qui succèdera à la crise du néolibéralisme dont les issues ne sont pas encore déterminées. Les mouvements plus anciens de l’altermondialisme devront tirer les leçons de leurs avancées et de leurs limites. Et, comme le dit si bien Esther Vivas pour les nouveaux mouvements : « c’est un prologue ».

 

 

Les mouvements sociaux confrontés à la différenciation des situations

 

Dans la crise, la bourgeoisie financière reste encore au pouvoir et la logique dominante reste celle de la financiarisation. Mais la mondialisation est en train d’évoluer et ses contradictions augmentent. Elle se traduit par une différenciation des situations suivant les régions du monde, une sorte de dérive des continents. Chaque grande région évolue avec des dynamiques propres et l’évolution des mouvements sociaux tient compte des nouvelles situations. Cette évolution modifie les conditions de la convergence des mouvements telle qu’elle s’était construite dans le processus des forums sociaux mondiaux.

 

En Amérique Latine, des régimes desarrollistas ou développementalistes, mettent en place des politiques post-néolibérales. Des politiques qui ne sont pas du tout anticapitalistes et qui combinent des gages au marché mondial des capitaux et des politiques sociales avec des redistributions. Elles ont pour conséquence une forme de banalisation de l’altermondialisme et une fragmentation des mouvements sociaux.

 

En Asie, des alliances combinent des bourgeoisies étatiques, nationales et mondialisées. Comme en Amérique Latine, se pose la question sur le rôle des mouvements sociaux des nouvelles puissances qu’on appelle faute de mieux « pays émergents ». Dans ces deux régions, le mouvement social s’organise autour des travailleurs en lutte pour leurs droits et leurs salaires, et qui passent des alliances larges avec la bourgeoisie étatique, d’autant que cette dernière contrôle une partie de l’appareil productif.

 

Au Moyen Orient, le nouveau cycle de luttes et de révolutions débouche sur une période de fortes contradictions. La présence réelle des mouvements est confrontée à l’émergence de forces politiques de l’islam confrontées au pouvoir gouvernemental, et à l’instrumentalisation des grandes puissances qui cherchent à compenser la chute de leurs alliés dictateurs en jouant des situations. En Afrique, la course aux matières premières et à l’accaparement des terres et la multiplication des conflits qui en résulte brouille la dynamique économique réelle et la vivacité des mouvements.

 

En Amérique du Nord, les nouveaux mouvements, occupy et carrés rouges, sont confrontés à la violence de la réaction des pouvoirs économiques et à la montée des conservatismes inquiétants.

En Europe, les mouvements sont confrontés à trois défis principaux : la précarité, la xénophobie, la définition d’un projet européen alternatif. Le premier concerne l’indispensable et très difficile alliance pour les luttes communes entre travailleurs précaires et travailleurs non-précaires. Le second concerne la montée des idéologies racistes et xénophobes qui prolifèrent à partir de la peur et des insécurités sociales, écologiques et civiques. Le troisième concerne la définition d’un projet européen alternatif qui se dégagerait du projet européen dominant et de ses impasses et qui traduirait en termes politiques et culturels l’unité du mouvement social européen.

 

Confrontés à la nouvelle situation et à la vigueur de la réaction conservatrice, les mouvements déploient une très forte combativité et beaucoup d’inventivité. Ils n’ont pas encore redéfinis les nouvelles formes et les priorités qu’ils veulent accorder à la convergence des luttes internationales. Ils sont conscients de son importance et restent présents dans les espaces existants, notamment dans les forums sociaux, mais sans les investir avec une attention suffisante.

 

 

Le fonctionnement du CI

 

Il reste à aborder la question du fonctionnement du CI. Ce n’est pas une question secondaire et il faut tenir des insatisfactions et de ce qu’elles révèlent. Le CI n’est pas un long fleuve tranquille et il est normal que les difficultés des mouvements face à l’évolution de la situation et à la crise se répercutent dans son fonctionnement. D’autant que le modèle de fonctionnement du CI n’est pas celui d’une association ou d’une fédération et nécessite de renouveler la réflexion sur les formes de délégation. C’est ce qui a conduit à adopter un fonctionnement par consensus avec ses limites et ses difficultés. Ces difficultés nécessitent de redoubler d’attention sur ce fonctionnement. Les règles de transparence et de répartition sont d’autant plus nécessaires que sans confiance entre les membres du CI, le projet serait en grand danger.

 

Nous devons admettre une période de transition de deux ou trois ans pendant laquelle nous devons adopter des modes de fonctionnement qui ne soient pas en contradiction avec les valeurs auxquelles nous nous référons. Cette période devrait servir à redéfinir le rôle du CI en tant que facilitateur du processus international des FSM ; à suivre et renforcer le processus ; à mener l’enquête politique sur l’évolution et les volontés des mouvements qui constituent la base du processus ; à renforcer les jonctions avec les nouveaux mouvements ; à analyser l’évolution de la situation politique mondiale et de la crise structurelle du capitalisme ; à identifier le noyau des mouvements qui sont d’accord pour s’investir dans la poursuite du processus et pour participer au CI. 

 

Des règles de fonctionnement peuvent être adoptées pour cette période de transition. Je reprends ici les propositions esquissées par Vinod et précisées par Francine dans son mail du 13-08-2012 :

La charte des Principes reste la référence. Le CI se réunit une ou deux fois par an ; il suit le processus et prépare le Forum social mondial. Le CI est redéfinit à partir des mouvements qui s’engagent à y participer activement. Les membres du CI payent une cotisation annuelle et contribuent au fonds de solidarité. Chaque CI commence par un exposé de la situation du pays d’accueil du CI et consacre une demi-journée à un débat politique sur la situation mondiale. A chaque CI, un groupe de 5 ou 6 personnes est désigné pour préparer le CI suivant à partir des propositions des membres du CI. Une liste des décisions est établie avec les responsables du suivi de chaque décision. Les commissions permanentes sont composées de 4 ou 5 membres permanents ; elles sont ouvertes et fonctionnent par internet. Je rajouterai simplement que la question du secrétariat du CI doit être réglée de manière urgente.