*Massira *                *مسيرة*

*Collectif citoyen de soutien aux luttes sociales*

*et démocratiques en Algérie*





*Déclaration *



Les algériens sont convoqués, comme lors des échéances électorales
précédentes pour apporter leur caution à la désignation déjà faite d’un
président de la République, façade civile d’une réalité du pouvoir
échappant à tous les mécanismes institutionnels de contrôle démocratique.


Nous ne doutons pas, que comme par le passé, les citoyens bouderont les
urnes et témoigneront ainsi de leur lucidité sur le décalage entre leurs
aspirations légitimes avec le caractère artificiel du débat et de la scène
politique qui leurs sont proposés depuis la confiscation de l’indépendance
par les coups de force successifs qu’a connu et continue de subir le pays.


Depuis la déclaration de candidature à un quatrième mandat, du président
sortant dont l’état de santé empêche objectivement la conduite des affaires
du pays et la préservation des intérêts supérieurs de la Nation, le
sentiment d’impasse et de désespoir partagés par de nombreux algériens
s’est mué en colère et en rejet devant ce qui s’apparente à l’ultime
expression de mépris envers le bon sens et l’intelligence des citoyens.


Les officines du régime, ses relais médiatiques et ses clientèles
politiques, veulent vendre à l’opinion le scénario d’un président, même
affaibli, « garant de la stabilité », malmené par le pouvoir occulte du
tout-puissant patron du DRS (principal service de renseignement et donneur
d’ordre de la scène politique) et qui verra « le pays profond » le soutenir
contre « les élites médiatiques » ou « les réseaux sociaux », lesquels « ne
représenteraient qu’eux-mêmes ».


Nous appelons à la vigilance contre cette lecture simpliste qui ne rend pas
compte du fait que l’impasse face à laquelle se trouve le système est due
au fait que les contradictions résultant de ce mode de gestion occulte des
institutions sont devenues insolubles et que la prochaine reconduite du
président actuel, signifie plutôt le maintien du statu quo par l’absence de
consensus dégagé entre les différents clans.



Nous invitons donc, à élargir le mot d’ordre de mobilisation populaire
pacifique, en Algérie et au sein de l’émigration, au-delà du rejet du
quatrième mandat, à un appel au rejet de l’ensemble du processus électoral
qui ne respecte ni la volonté populaire, ni le principe de l’alternance
démocratique et encore moins celui de l’autonomie des contre-pouvoirs.


Nous affirmons notre soutien à la mobilisation citoyenne pacifique qui a
lieu en différents points du territoire national et au sein de l’émigration
algérienne et appelons à l’inscrire dans un rejet de l’ensemble du système
et dans la demande d’un processus de changement réel, d’ouverture du champ
politique et syndical et de l’exigence du respect des libertés
fondamentales.


Nous alertons sur le piège de se voir dicter sa position à l’égard des
échéances prochaines, par la seule interprétation des échos et des rumeurs
qui nous parviennent des  affrontements entre décideurs, qui plus est, nous
sont transmis par des canaux dont l’indépendance est sujette à caution.


Nous restons convaincus qu’un processus de changement réel et pacifique, ne
peut venir que de l’écoute et du soutien aux luttes sociales et politiques
dans le pays réel, trop marginalisé et méprisé, ignoré par la distribution
clientéliste de la rente, écrasé par le poids des préoccupations
quotidiennes de survie et devant affronter la violence de l’administration,
la déliquescence des services de l’Etat et l’arbitraire.


Face à la situation profondément  préoccupante du pays, à la fuite en avant
organisée par le régime à travers un développement artificiel et fragile
permis par les seuls revenus des hydrocarbures ou par l’entretien de
divisions sur des bases identitaires ou linguistiques entre algériens, la
seule remise en question d’un quatrième mandat pour un président impotent,
symbole d’une fin de règne pathétique pour une génération qui n’a rien
transmis et a tout gâché, ne peut que constituer le point de départ d’un
réveil pacifique et déterminé des algériens, pour un vrai changement dans
la fidélité aux aspirations des luttes nationales pour l’indépendance, la
dignité et la justice pour tous.



*Paris, le 28/02/2014.*