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Fwd: RSF demande aux autoritésalgériennes de laisser les journalistes couvrir librement l’électionprésidentielle

from Salah Menia on Apr 16, 2014 09:37 AM
*RSF demande aux autorités algériennes de laisser les journalistes couvrir
librement l’élection présidentielle*
A l’approche de l’élection présidentielle algérienne du 17 avril, Reporters
sans frontières exhorte les autorités à laisser les journalistes algériens
et étrangers exercer librement leur activité d’information du public.
“*Nous avons recensé un certain nombre d’interpellations de journalistes en
marge des manifestations organisées en protestation à l’annonce de la
volonté d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un quatrième mandat, ce qui
n’augure rien de bon quant à la capacité des journalistes algériens à
couvrir cette élection sans entrave*”, déplore Lucie Morillon, directrice
de la recherche de Reporters sans frontières. “*Quant aux journalistes
étrangers, nombre d’entre eux se sont vus délivrés des visas sur le tard,
accompagnés de restrictions drastiques. Or la presse internationale
indépendante a un rôle important à jouer dans le contexte d’un paysage
médiatique algérien marqué par un manque flagrant de pluralisme et un
niveau élevé d’auto-censure*”, ajoute-t-elle.
*Parcours semé d’embûches pour les journalistes étrangers*
Les autorités algériennes ont accru leur contrôle sur les demandes de visas
des journalistes étrangers. Les délais d’obtention sont normalement de deux
semaines, mais en cette période d’élections présidentielles, ils ont trainé
en longueur. Au bout de plusieurs semaines d’attente, et à quelques jours
du scrutin, des journalistes des médias français L’*Express*, *Le Point*,
et *le Journal du Dimanche* (JDD), *Le Monde*, *BFMTV*, du quotidien
allemand *FAZ* et de la *ZDF German Television*, ou les journalistes
espagnols de l’Agence *EFE* et du quotidien *Diario El Mundo*, ont enfin
reçu le précieux sésame.
Ces journalistes vont certes pouvoir couvrir le scrutin lui-même mais ils
ont de fait été empêchés d’effectuer un travail d’investigation et
d’information en amont de ce rendez-vous crucial de la vie politique
algérienne, marqué par des contestations de la candidature du président
Abdelaziz Bouteflika et par ses ennuis de santé qui l’ont empêché de mener
lui-même sa campagne présidentielle. Plusieurs rédactions ont signalé à
Reporters sans frontières que le retard de visas les a contraints à annuler
certains sujets ou reportages sur la campagne.
Les visas délivrés sont soumis à des restrictions géographiques,
éditoriales et temporelles. Les journalistes doivent obtenir des
autorisations spéciales pour se rendre dans telle ou telle région. Des
documents distribués par le ministère de l’Information aux journalistes
étrangers présents sur place leur donnent pour consigne de ne parler que du
scrutin<http://www.canalplus.fr/c-divertissement/c-le-petit-journal/pid6381-les-extraits.html?vid=1054193>.
Les visas expirent le 20 avril, trois jours seulement après le premier tour
de l’élection, ce qui laisse à penser soit que les autorités excluent
d’emblée un deuxième tour, soit qu’elles entendent soumettre alors les
journalistes à une nouvelle salve de demande de visas et d’autorisations.
*Des manifestations pré-électorales difficiles à couvrir*
Plusieurs journalistes ont été interpellés lors de la couverture de ces
manifestations ou sont victimes de pression pour les avoir traitées.
Le 1er mars dernier, une manifestation a été organisée devant la faculté
Benyoucef-Benkhedda à Alger. La journaliste d’*Echorouk TV*, *Zineb
Benzita*avait indiqué avoir
été embarquée par la
police<http://www.dc4mf.org/fr/content/violences-et-arrestation-de-journalistes-%C3%A0-alger>avec
plusieurs autres journalistes. “*Alors
que je ne participais pas à la manifestation. J’étais sur les lieux dans le
cadre de mon travail*”, précise-t-elle. * Hacen Ouali*, journaliste
politique du quotidien *El Watan* a été
interpellé<http://www.rfi.fr/afrique/20140414-algerie-amnesty-international-intensification-repression/>,
le 6 mars, avec d’autres journalistes alors qu’il tentait de couvrir la
manifestation du mouvement “Barakat”. “*On leur montrait nos cartes de
presse, mais ils s’en foutaient. Ils ont embarqué tout le monde et on a
passé toute la journée dans un commissariat de police*”, raconte Hacen
Ouali à RFI. “*Les policiers étaient visiblement missionnés pour embarquer
tout le monde. C’est vrai que nous ne sommes pas la Tunisie de Ben Ali,
mais le métier de journaliste en Algérie s’exerce dans des conditions
extrêmement difficiles*”, déplore-t-il.
*Djamel Ghanem*, caricaturiste au quotidien *La Voix de l’Oranie*, a été
accusé<http://www.lematindz.net/news/13639-pour-une-caricature-de-bouteflika-djamel-ghanem-risque-la-prison.html>d’
“outrage au président de la République” pour une caricature
non-signée,
jamais été publiée, qui faisait allusion à un 4e mandat de M. Bouteflika.
Le caricaturiste, qui encourait une peine de 18 mois de prison ferme ainsi
que 30 000 DA (environ 380 dollars) d’amende, a été relaxé le 11 mars
dernier par le tribunal d’Oran. Cependant le parquet a fait appel de cette
décision. Craignant pour sa sécurité, Djamel Ghanem s’est résolu à quitter
l’Algérie et à demander l’asile à la France.
*Meziane Abane*, journaliste à *Al-Watan* Week-end et membre actif du
mouvement “Barakat<http://www.algerie-focus.com/blog/2014/03/mouvement-barakat-nous-ne-sommes-ni-pro-benflis-ni-pro-drs/>”,
a été arrêté le 17 mars dernier alors qu’il se trouvait dans sa chambre
d’hôtel à Batna (500 km à l’est d’Alger). Il a été relâché le lendemain
après avoir été présenté au juge d’instruction.
La chaîne privée *Al-Atlas TV*, lancée en 2013, a fait l’objet d’une
perquisition<http://fr.rsf.org/algerie-rsf-inquiete-suite-a-la-12-03-2014,45989.html>les
11 et 12 mars dernier. Des gendarmes en civil munis d’un mandat de
perquisition ont pénétré au siège de la chaîne le 11 mars vers 16 heures.
Vers 20 heures, la gendarmerie est intervenue, sans mandat de perquisition,
dans les studios situés à 25 km d’Alger. Des scellés ont été
placés<http://fr.rsf.org/algerie-rsf-inquiete-suite-a-la-12-03-2014,45989.html>par
les forces de l’ordre. Elle a été forcée de suspendre ses activités et
a été interdite d’antenne le 12 mars 2014. D’après le directeur de la
chaîne, Al-Atlas TV est visée par les autorités en raison de sa ligne
éditoriale critique à l’encontre du gouvernement actuel, et plus
précisément sa couverture des manifestations d’opposants à un quatrième
mandat de Bouteflika pour l’élection présidentielle du 17 avril prochain.
Aux termes de la législation en vigueur, seuls les médias publics
bénéficient d’une licence de diffusion sans restriction.
Depuis l’interdiction d’Al-Atlas TV, la campagne électorale est donc
couverte par les quatre chaînes d’État, et certaines chaînes de droit
étranger à la solde des services. Car le paysage médiatique algérien est
marqué par un manque flagrant de pluralisme.
*Manque de pluralisme et cadre légal liberticide*
Malgré les déclarations des autorités lors de l’élaboration de la loi
n°12-05 relative à l’information, la liberté d’expression et le droit à
l’information ne sont pas suffisamment garantis. De nombreuses dispositions
entravent de façon disproportionnée la liberté d’information comme
notamment l’article 112 relatif au droit de réponse de “toute personne
physique ou morale” pour les “articles portant atteinte aux valeurs
nationales et à l’intérêt national”, l’article 123 sur “l’outrage aux chefs
d’État étrangers”, ou encore l’article 119 relatif à la “publication de
document portant atteinte au secret de l’enquête”.
Certes, la loi n° 11-14 du 2 août 2011 a modifié les articles 144 bis et
146 du code pénal et dépénalisé la diffamation à l’égard des agents
publics. De la même manière, en janvier 2012, un nouveau code de la presse
est entré en vigueur, a abrogé les peines de prison pour les délits de
presse. Cette avancée législative aurait pu mettre fin à la menace que
constituaient jusqu’à lors les articles 144 bis, 146, 77 à 99 du code
pénal. Mais le montant des amendes est disproportionné et les articles 296
et 298 du code pénal maintiennent les peines de prison pour la diffamation
envers les particuliers. S’il arrive que les procédures judiciaires
engagées contre des journalistes ou des médias soient ralenties ou
“oubliées”, la menace de voir apparaître, a posteriori, l’exécution d’une
décision de justice, constitue une menace qui incite les journalistes à
s’autocensurer. Par ailleurs, d’après le rapport du Rapporteur des Nations
unies <http://ap.ohchr.org/documents/dpage_f.aspx?m=85> sur la promotion et
la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, publié le 12
juin 2012 , moins de six journaux sont réellement indépendants en Algérie.
Une nouvelle loi, adoptée le 20 janvier 2014, devrait mettre fin au
monopole public, en place depuis l’indépendance. A travers ses 113
articles, elle vise à réglementer le champ audiovisuel et à en réguler son
fonctionnement. Elle permettrait - pour la première fois -la création de
chaînes de télévision
privées<http://www.dc4mf.org/fr/content/les-d%C3%A9put%C3%A9s-alg%C3%A9riens-votent-la-loi-sur-laudiovisuel-priv%C3%A9>diffusant
depuis l’Algérie. Cependant, cette
loi impose<http://www.jeuneafrique.com/actu/20140107T171559Z20140107T171542Z/>aux
futures chaînes de télévision privées d’être thématiques et de limiter
la durée de leurs émissions d’information. Une autorité de régulation de
l’audiovisuel<http://www.dc4mf.org/fr/content/les-d%C3%A9put%C3%A9s-alg%C3%A9riens-votent-la-loi-sur-laudiovisuel-priv%C3%A9>(ARAV)
devrait être mise en place. Le manque d’indépendance de cette
organisation est source d’inquiétudes.
De son côté, la presse, ouverte au pluralisme depuis les années 90, souffre
toujours de pratiques monopolistiques, notamment en matière d’impression ou
de distribution. La plupart des publications sont tributaires des
imprimeries (Société d’impression d’Alger) et des réseaux de diffusion
contrôlés par l’État.
La publicité est également utilisée à des fins de pressions contre les
médias. L’ANEP, l’Agence nationale de l’Édition et de la Publicité créée en
décembre 1967 décide de l’attribution de la publicité des entreprises et
des services de l’administration publique. La publicité publique constitue
ainsi une ressource financière non négligeable pour la presse écrite. La
publicité privée découle bien souvent d’entreprises proches des cercles
politiques du pays. Aussi, cette manne financière sert avant tout les
journaux les plus dociles au pouvoir des militaires et du Département du
renseignement et de la sécurité (DRS). Il est donc facile pour l’État
d’asphyxier économiquement les journaux au contenu critique. Contre les
tentatives d’émancipation d’un certain nombre de médias, les autorités
disposent d’une autre arme redoutable : celle des redressements fiscaux.
Cette épée de Damoclès peut tomber à tout moment sur les rédactions.

   - <http://fr.rsf.org/local/cache-vignettes/L633xH222/jjj-c05d5.jpg>


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