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Fwd: Re: VOTRE COMMUNICATION SUR EL WATAN

from gustave massiah on Feb 10, 2016 06:02 PM


-------- Message transféré --------
Sujet : 	Re: VOTRE COMMUNICATION SUR EL WATAN
Date : 	Tue, 9 Feb 2016 20:55:16 +0100
De : 	Smail Goumeziane <masay80@...>
Pour : 	Gustave Massiah <guma@...>



Cher gus,
Pour info. Bonne lecture. Amitiés. Smaïl

Le 9 févr. 2016 12:03, nadjia bouaricha <nadjiabouaricha@...> a 
écrit :



    Vous trouverez ci-dessous votre communication en hommage à Hocine
    Ait Ahmed publiée aujourd'hui sur El Watan



    http://www.elwatan.com/contributions/l-histoire-en-heritage-09-02-2016-313989_120.php

    L’histoire en héritage - Contributions - El Watan
    <http://www.elwatan.com/contributions/l-histoire-en-heritage-09-02-2016-313989_120.php>
    www.elwatan.com
    L’histoire en héritage -



  L’histoire en héritage

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<http://www.elwatan.com/contributions/l-histoire-en-heritage-09-02-2016-313989_120.php#> 


le 09.02.16 | 10h00 *Réagissez* <javascript:void(0);>

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    /«... Je vis la jeunesse lentement marcher à mes côtés. Et, devant
    nous, l’espoir ouvrait la marche.»/ Khalil Djibran, /L’œil du Prophète/.

En ce 40e jour de la disparition de celui que la vox populi appelle 
respectueusement et affectueusement Da L’Hocine - Allah Irahmou -, je 
tiens tout d’abord à remercier le FFS de m’avoir invité à cet hommage 
émouvant à plus d’un titre. Bien évidemment, cette intervention de 
quelques minutes ne saurait être exhaustive. Comment pourrait-elle si 
brièvement rendre compte du lien profond et de la place immense qui 
caractérisent le rapport qui s’est noué entre Hocine Aït Ahmed et 
l’histoire ? Je vais donc tenter d’en présenter quelques repères pour 
comprendre les raisons qui justifient ce sentiment massivement partagé 
que Hocine Aït Ahmed est définitivement au Panthéon(1) de l’Histoire.

Non pas de cette histoire écrite par les vainqueurs du moment ni par les 
vaincus d’hier, encore moins de l’histoire officielle, mais de 
l’histoire objective. Celle qui résulte d’un traitement scientifique de 
la réalité historique, dont les premiers jalons rationnels furent posés 
dès le XIVe siècle par le génial penseur maghrébin que fut Ibn Khaldoun, 
et qui furent, tout au long des siècles, enrichis et approfondis par des 
générations d’historiens. Et dont il faut saluer les travaux.

*- Premier repère.* Il faut pourtant le dire, aujourd’hui encore cette 
histoire objective n’existe pas, et il n’y a pas de vision consensuelle 
de toute l’histoire de l’Algérie. Des guerres mémorielles occultent, sur 
fond d’amnésies sélectives, bien des souvenirs «brûlants», bien des 
séquences douloureuses, bien des trahisons, et des tentatives sans cesse 
renouvelées d’instrumentalisation et de manipulation des faits 
historiques des deux côtés de la Méditerranée.

Bien entendu, le parcours historique de Hocine Aït Ahmed, sa pensée et 
son action n’échapperont pas à cette guerre des mémoires. Les disparus 
suscitent toujours et longtemps après leur départ, sur des fonds de 
controverse, de révélations et autres diatribes bien des rivalités, des 
jalousies, des haines, voire des accusations. D’ailleurs, regardons 
autour de nous : ce processus n’est-il pas déjà engagé ? Le champ 
politico-médiatique de notre pays n’est-il pas déjà encombré par de tels 
processus de guerre des mémoires ?

Certains n’espèrent-ils pas ainsi faire suffisamment de bruit pour que 
la porte de l’histoire, et notamment celle du Panthéon, ne se referme 
pas devant eux ? C’est pourtant peine perdue, car, on le sait, pour 
entrer dans l’histoire, il ne suffit pas de faire du bruit. William 
Shakespeare, l’immense dramaturge britannique, n’a-t-il pas résumé tout 
cela par sa célèbre réplique ? «Much noise about nothing» (Beaucoup de 
bruit pour rien).

*- Deuxième repère. *L’histoire de l’Algérie a ceci de particulier 
qu’elle est à la fois un savoir et un héritage, mais pas n’importe quel 
savoir ni n’importe quel héritage. C’est pourquoi le rôle des historiens 
- ces véritables notaires de l’histoire - est si fondamental pour la 
restituer, selon une approche rigoureuse, en identifiant les causes 
essentielles des événements et leur sens. Ce faisant, l’histoire de 
l’Algérie, parce qu’elle est l’histoire de chacun d’entre nous et 
l’histoire de tous, constitue le savoir commun de tous et de chacun.

Pour cela, elle constitue aussi dans son intégralité - le sait-on 
suffisamment  ? - le seul héritage commun des Algériens et des 
Algériennes qui peut les rassembler durablement et leur éviter de 
sombrer dans les divisions inutiles autant que dangereuses. Ne dit-on 
pas «qu’un peuple sans histoire est un peuple sans humanité ?» A ce 
titre, cette histoire est comme l’Algérie elle-même, une et diverse, 
indivisible et incessible.

Aussi, il ne saurait y avoir, comme le pensent certains, de 
«supermarché» de l’histoire où chacun remplirait son couffin de «sa part 
d’histoire», pour en priver d’autres, les culpabiliser, les humilier, 
les mépriser, les agresser ou les soumettre. Pas plus qu’il ne saurait y 
avoir de possibilité pour les uns ou les autres de procéder à une sorte 
de «tri sélectif historique» visant à ne conserver que ce qui les 
arrange, et tenter de jeter aux «poubelles de l’histoire» des pans 
entiers de la réalité historique, constitutive de l’héritage commun des 
Algériens. Le parcours historique de Hocine Aït Ahmed ne pourrait 
échapper à ces mêmes comportements.

D’aucuns chercheront, sous couvert de la mémoire, à découper en tranches 
ce parcours pour mieux le réduire, le déformer, le récupérer ou, pire, 
le salir. La responsabilité des historiens est donc bien lourde. Comment 
élaborer et diffuser l’histoire en général, et la place qu’y occupe 
Hocine Aït Ahmed en particulier, si ce n’est par une formidable 
mobilisation, une grande vigilance et une pugnacité de tous les instants 
pour déjouer par la critique scientifique, loin de l’insulte et de 
l’invective, toutes les idéologies et les mémoires porteuses de 
falsification, de contrevérités et autres balivernes ? Car on le sait, 
les histoires ne font pas l’histoire.

*- Troisième repère.* Il ne s’agit cependant pas de viser la 
construction d’une histoire globale et consensuelle, ni de l’Algérie ni 
du parcours historique de Hocine Aït Ahmed. Elaborer une telle vision 
consensuelle serait une œuvre gigantesque et périlleuse, voire 
inespérée, même si l’on mobilisait une multitude de scientifiques armés 
de leur foi inébranlable en leur discipline, tant les querelles d’écoles 
entre spécialistes sont récurrentes.

Ce serait par ailleurs illusoire, et probablement erroné, car l’histoire 
déchaîne toujours des passions liées aux intérêts contradictoires qui 
traversent toute société. Aussi faut-il, tout en gardant sa 
détermination, rester humble et procéder par touches successives et 
complémentaires, selon des méthodologies appropriées, y compris hors du 
champ des historiens, en distinguant les certitudes et les doutes, en 
mettant en exergue les convergences sans masquer les divergences, de 
sorte à éviter toute  nouvelle tentation de pensée unique.

*- Quatrième repère.* Du fait des intérêts contradictoires, l’écriture 
sereine d’une histoire objective de l’Algérie restera cependant 
longtemps encore au cœur d’enjeux essentiels pour l’avenir du pays et 
son peuple. Et  les manœuvres pour tronquer, édulcorer ou 
instrumentaliser les faits historiques se poursuivront dans l’objectif 
inavoué de diviser les Algériens et de les dresser les uns contre les 
autres, pour mieux dominer le pays ou s’emparer de ses richesses. 
L’adage bien connu ne rappelle-t-il pas «qu’il faut diviser pour régner» 
? A l’évidence, l’histoire, comme l’Algérie, dérange pour la raison que 
personne hors le peuple n’en est le dépositaire. Nul n’en est l’héritier 
privilégié.

Nul n’en est le propriétaire. Nul n’en possède, à lui seul, la 
légitimité. Tout juste pouvons-nous, chacun à notre niveau, en découvrir 
l’étendue, la richesse et la complexité, et l’assumer notamment à 
travers les parcours et les combats de ses hommes et femmes les plus 
emblématiques afin de la faire fructifier dans le sens de l’intérêt de 
tous les Algériens. Pour être au service de cette histoire et de son 
peuple, et non se servir de celle-ci ou de celui-là pour les intérêts 
d’une minorité.

*- Cinquième repère. *Hocine Aït Ahmed, précisément, était de ceux qui 
avaient, très tôt, compris le contenu et le sens de cette histoire de 
l’Algérie et, au-delà, de l’histoire humaine. Il avait d’abord compris 
qu’elle est, depuis des origines remontant à plus de deux millions et 
demi d’années, faite de victoires et d’échecs, de résistances et de 
rivalités, de périodes de violence et d’épisodes pacifiques.

Il avait aussi compris que l’histoire est toujours le résultat d’hommes 
et de femmes, venus de toutes les régions du pays, qui par leurs 
engagements au quotidien sont les acteurs, parfois anonymes, toujours 
essentiels de cette histoire, dont ils sont la personnification, 
individuellement ou collectivement, chacun à sa manière, de façon plus 
ou moins responsable et légitime.

En un mot, il avait compris que le peuple réel est au cœur de 
l’histoire. Enfin, le jeune Hocine Aït Ahmed comprit que parmi tous ces 
acteurs, certains rassemblent la société et son peuple, les font avancer 
et progresser vers plus de liberté, alors que d’autres la fracturent, la 
font reculer et régresser par la domination, l’oppression et la 
confrontation toujours renouvelées. Pour toutes ces raisons, il avait 
sciemment choisi de faire partie des premiers et de combattre, sans 
jamais baisser la garde, les seconds à l’intérieur du pays et à l’extérieur.

*- Sixième repère.* De cette histoire dont il avait hérité, Hocine Aït 
Ahmed tira, en particulier, trois leçons fondamentales. Primo, 
l’histoire de l’Algérie est fondée sur un socle tridimensionnel : 
berbère, musulman et arabe, forgé par des siècles de résistance acharnée 
pour garder intacte la liberté du territoire et celle de ses habitants, 
et les protéger contre toutes les violences politiques, économiques, 
culturelles et cultuelles, fussent-elles initiées par des «compatriotes» 
ou des coreligionnaires.

Secundo, cette liberté, comme l’histoire, ne peut être qu’une et 
indivisible, ce qui signifie qu’il ne peut y avoir de liberté pour les 
Algériens sans liberté du territoire sur lequel ils vivent, et qu’il ne 
peut y avoir de liberté du territoire sans liberté des Algériennes et 
des Algériens qui le peuplent. En d’autres termes, un pays ne peut être 
libre que si son peuple est libre, et inversement. Tertio, cette leçon 
qui vaut pour l’Algérie et son peuple, vaut pour tous les peuples, d’où 
son engagement diplomatique et politique - depuis Le Caire jusqu’à New 
York, en passant par Rangoon et Bandung, puis en exil - aux côtés des 
peuples dominés et opprimés, notamment du Maghreb et du Moyen-Orient.

En Algérie, son combat s’inscrivit donc dans cette dialectique 
incontournable, celle de la libération du pays et des libertés pour le 
peuple algérien. Tout au long de son existence, il fit sienne la pensée 
de John Milton(2) : «Ils se rebellèrent parce que la paix dans 
l’esclavage est pire que la guerre dans la liberté». Autrement dit, face 
à une paix humiliante s’accommodant de la servitude, on ne pouvait que 
répondre par une résistance juste : celle qui combat pour la liberté et 
la dignité. Ce fut le sens de son combat libérateur. Avec cette 
conviction, pour lui toute aussi évidente, que la libération du pays ne 
serait achevée, la société apaisée et tournée vers l’avenir, que lorsque 
les Algériens et les Algériennes seraient tous libérés.

*- Septième repère. *Pour cela, il le savait, fallait-il encore que 
toutes les libertés s’exercent et s’appliquent à tous et à toutes. Non 
pas par la seule libération du pays, ni par un coup de baguette magique, 
mais par un processus continu de négociations et de gestion pacifique 
des intérêts contradictoires. Que seul un mouvement démocratique pouvait 
apporter.

Une fois l’indépendance acquise, Hocine Aït Ahmed ne changea pas de 
conviction. Pour lui, la libération n’était rien sans les libertés, et 
cette incontournable dialectique ne pouvait être ignorée, encore moins 
indépendante, qui ne garantissait pas encore l’exercice des libertés, en 
lui incorporant cette quatrième dimension : la démocratie. Dès 
l’indépendance recouvrée, son combat se focalisa donc sur ce dernier 
objectif. Près de cinquante ans après, dans le message du 22 mars 2011 
qu’il adressa aux Algériennes et aux Algériens, Hocine Aït Ahmed le 
réaffirma inlassablement : «Le combat pour l’indépendance nationale et 
le combat pour la démocratie sont indissociables.

Ceux qui ont cru que l’une pouvait faire l’économie de l’autre ont fait 
la preuve de leur échec.» En cela, il s’inscrivait une fois de plus dans 
la dynamique libératrice qu’il enclencha, avec d’autres figures 
illustres, dès le lendemain des massacres coloniaux du 8 Mai 1945, avec 
la création de l’OS (Organisation spéciale). Une dynamique 
révolutionnaire que la proclamation du 1er Novembre 1954 résumerait de 
façon magistrale en un seul but : «La restauration de l’Etat algérien 
souverain démocratique et social dans le cadre des principes islamiques 
; le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de 
race ni de confession».

Finalement, et j’en terminerai par là, s’il n’y avait qu’un seul repère 
à retenir du parcours historique de Hocine Aït Ahmed, ce serait celui de 
cette dialectique de la libération et des libertés démocratiques. Une 
dialectique qui a, en permanence, guidé son combat pendant trois quarts 
de siècle. Pour cette raison, Hocine Aït Ahmed est plus que jamais un 
homme d’avenir et un modèle pour toutes les Algériennes et tous les 
Algériens. A nous, et en particulier aux jeunes générations, de nous 
inscrire dans cette dialectique et de poursuivre son combat démocratique 
dans le sens des intérêts vitaux du peuple algérien et, plus largement, 
des peuples opprimés.
C’est le meilleur hommage que nous pouvons lui rendre.


          Smaïn Goumeziane



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