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Re: Décès de Nourredine Saadi

from Mouhieddine Cherbib on Dec 15, 2017 07:27 AM
Notre ami Noureddine Saadi, vient de nous quitter, toutes nos condoléances
à sa famille et à ses amis.
C'est un ami, il nous a accompagné durant des années tout le long de notre
combat pour la Liberté et la Démocratie en Tunisie et au Maghreb
Paix à son âme
Mouhieddine


Le 15 décembre 2017 à 00:25, Tewfik Allal <tewfik.allal@...> a écrit
:

> Nourredine Saadi vient de nous quitter. C'était un ami, un compagnon : il
> a été essentiel dans la fondation du Manifeste des libertés, toujours
> présent, toujours actif quand il s'agissait de combats auxquels il croyait,
> et d'une ouverture qui se fait rare. Il nous manquera beaucoup.
> Adieu, Nono.
> Tewfik et Brigitte Allal
>
> PS : sur le « mur" Facebook de Wassyla Tamzali
> <https://www.facebook.com/wassyla.tamzali?fref=gs&dti=275912724478&hc_location=group>
>  :
> Nourredine S. La nouvelle est arrivée de Paris, elle est tombée à 16 h
> aujourd'hui. Maintenant c'est la nuit à Alger, je suis seule avec toi dans
> cet appartement où tu aimais revenir ; tu étais là en décembre 2011,
> prisonnier consentant, pour écrire ce beau texte qui ouvrit en majesté
> "Histoire minuscules des révolutions arabes". Tu aimais la vie et les gens
> avec tendresse et une si grande tolérance. Rien ne t'était étranger. Tu
> savourais le bon vin et la table. Et la poésie, et les mots. Les idées
> aussi. Tu avais la passion de l'intelligence. Les soirées avec toi étaient
> longues, les nuits claires. Tu savais écouter tes amis, tu étais celui à
> qui on pouvait tout dire. Je partage ici ce texte. Ces mots sauront dire
> mieux que moi qui tu étais.
>
> "Nue, dans vos yeux
> à WT
>
> Oui, je suis nue et je vous choque, vous me regardez lubriques ou
> réprobateurs, stupéfaits ou outrés, car je ne suis pas une image venue
> d’Occident sur papier glacé de vos revues maculées de sperme, cachées sous
> vos couches, mais je suis de vous, je viens de vous, de la chair de notre
> terre, de cette terre assoiffée et qui crie au-delà des lèvres du Nil, je
> vous regarde en silence, droit dans les yeux, je vous toise dans l’objectif
> de la photographie prise par moi-même, et c’est vous qui avez honte, déjà
> je le sais, vous allez me haïr ou me désirer, peut-être en même temps car
> je vous vois fixer mes aréoles de feu, mes seins gonflés de vie, mon sexe
> hirsute qui vous menace, et vous ne pouvez détourner les yeux, vous
> dirais-je que je n’ai pas voulu m’épiler afin de vous le montrer ainsi,
> naturel, vrai comme mon histoire, qui est au fond la vôtre :
> Je suis née nue, avec un vagin, des lèvres extérieures, des lèvres
> intérieures, un clitoris que vous auriez aimé m’enlever à dix ans, j’en
> garde encore le vide, la béance, la cicatrice suintante, vous auriez voulu
> m’interdire à jamais le plaisir mais voyez comme je jouis, là dans vos
> yeux, de ce plaisir irrépressible, sauvage, que vous tentez vainement de
> refouler par des invocations de Dieu ou des abjurations à Ibliss, mais au
> fond vous savez que vous vous mentez car je suis la vérité, votre vérité,
> et que je fais partie de vous sans jamais vous appartenir, fille de cet
> étrange et douloureux pays de nous-mêmes, ce nous dans lequel je ne me suis
> jamais reconnue avant de m’être ainsi dénudée devant des milliers d’entre
> vous pour vous narguer, pour vous rappeler que vos ancêtres, vos
> grand-mères, vos mères, vos épouses, vos filles, sont nées nues, avec un
> vagin, des petites lèvres, de grandes lèvres et un clitoris que la nature a
> créés pour le plaisir que vous voulez leur enlever par peur de leur
> jouissance.
> Vous criez « Liberté » sur cette place de la Liberté, vous voulez chasser
> les nouveaux pharaons, le dictateur, le taghout, mais vous avez peur de vos
> femmes, des épouses que vous engrossez, des poupyates que vous enfermez,
> des charmoutates que vous voilez, des qahbates que vous méprisez, des
> bonnes que vous cognez, des maîtresses que vous achetez, de vos mères
> castratrices, peur pour l’hymen de vos filles, peur du qu’en- dira- t’on,
> peur de vos ombres, peur de vos peurs, peur de vous-mêmes.
> Vous avez beau vous languir chaque nuit en écoutant Oum Khelsoum vous
> chanter "Aathini houriiati" mais vous ne comprendrez jamais ce qu’elle veut
> dire, enfermés dans vos préjugés, vos dogmes, votre açala, ces racines qui
> finissent par vous étrangler, ces lettres sacrées en volutes qui vous
> encerclent, vous étouffent, parce que vous n’en aurez jamais saisi le
> souffle ni le sens à travers vos barbes broussailleuses ointes au henné et
> les durillons qui enlaidissent vos fronts par vos hypocrites génuflexions
> sur le sol.
> Vous ne comprendrez jamais la chair comme tapis de prière sur un corps nu.
> Moi, je suis nue telle que Dieu m’a créée, telle que la nature a sculpté
> mon corps et si j’y ai ajoutés ces bas de résille sur mes cuisses, ces
> escarpins rouges à mes pieds et cette fleur amarante à mes cheveux, c’est
> simplement pour vous rappeler symboliquement le sang de mes menstrues que
> vous déclarez impur alors que quoi d’impur, d’impudique que vos yeux que je
> vois ainsi, moqueuse, amusée, dans vos quatre millions huit cent mille
> regards brûlants sur vos écrans et certains d’entre vous doivent cracher
> tandis que d’autres se masturber sur mon blog "Maddaquirat Thaera" :
> Fan‘aari, oui, Art nu. Car commencez d’abord par juger les modèles qui
> posaient nus à l’Ecole des beaux-arts jusqu’au début des années 1970,
> cachez tous les livres et cassez les statues des nus dans les musées, puis
> enlevez vos vêtements, regardez-vous dans le miroir, brûlez vos corps que
> vous méprisez pour vous débarrasser enfin de vos frustrations sexuelles,
> faites tout cela avant de m’insulter, de m’envoyer vos commentaires
> racistes et de me dénier le droit de m’exprimer librement. Un prédicateur
> salafiste, Ishak al-Houwayni, a déclaré hier dans une fetwa que Dieu aurait
> ordonné le voile aux femmes parce que leur visage ressemble à leur sexe.
> Puis-je simplement répondre à cette bêtise que, moi, mon corps
> m’appartient, à moi d’abord . C’est cela qui vous trouble, c’est ma liberté
> arrachée à vos regards concupiscents, c’est mon corps semblable à ce delta
> du Nil inondé qui donne la vie. Oui, je suis une révolutionnaire, Thaera,
> non pas pour remplacer un zaïm par d’autres, mais pour changer la vie, et
> vous pouvez déposer toutes vos plaintes auprès de tous vos tribunaux pour
> réclamer un châtiment conforme à la charia, vous pouvez essayer de me
> flageller, de me torturer, de me lapider, de m’exciser, de me couper les
> seins, de me brûler le pubis, de pratiquer sur moi votre barbare roquiya
> pour extirper le Diable de mon corps, vous serez toujours impuissants à me
> réprimer, à me mettre à genoux, car toujours ma peau vous dira l’obscur
> désir nu de la vie.
> Mon corps porte les femmes du Nil en moi, je suis fille d’Alexandrie,
> comme Cléopatra de Abdelwahab ou Justine de Durell, comme Bahia de Chahine,
> j’aime et je crie ma liberté de femme :
> Je suis Aliaa Magda El Mahdi, nue dans vos yeux, au propre comme au figuré.
> Une métaphore de la vérité.
> Nourredine Saadi
> Alger, décembre 2011.
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Cherbib Mouhieddine
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