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Fwd: Histoire et mythe conspirationniste du mot « islamophobie »

from Abdessalam kleiche on Sep 07, 2019 09:52 AM
Enfin une déconstruction magistrale.
Belle journée
Abdessalam




https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/

Histoire et mythe conspirationniste du mot « islamophobie »

Posted le 19 juin 2019 par jeanloiclequellec
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Par Jean-Loïc Le Quellec
<https://tempspresents.com/contributeurs/jean-loic-le-quellec/>

Xénophile et xénophobe sont construits sur xéno- (grec ξενο-), de xénos
« étranger » (ξένoς), avec les éléments -phile provenant de *phílos *(φίλος)
« ami » et -phobe, de *phóbos *(φόβος) « peur ». Sera donc xénophile toute
personne témoignant de la sympathie pour les étrangers, et xénophobe celle
montrant pour eux une aversion instinctive, voire, par extension de sens,
une hostilité. La première attestation de « xénophobie » remonte à 1906, et
celle de « xénophilie » à l’année suivante1
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote1sym>
.

Si l’on examine l’emploi de ces deux termes en France, il est frappant de
constater que « xénophobe » a commencé d’être utilisé à la toute fin
du xixe siècle,
puis a connu deux moments de croissance rapide après les guerres de
1914-1918 et de 1939-1945, avec un premier pic en 1925, et un second en
1954. Depuis 1965, le taux d’usage du terme s’est accru de façon régulière,
alors que « xénophile » est toujours aussi peu employé.

Graphique Ngram des taux d’usage de « xénophile » et « xénophobe » en
français depuis 1800.

Une évolution comparable peut s’observer pour les mots « islamophobe » et
« islamophile », d’origine un peu plus récente, puisque tous deux
n’apparaissent qu’à partir de 1910.

Graphique Ngram des taux d’usage de « islamophobie » et « islamophilie » en
français depuis 1910.

Des polémiques se sont récemment élevées — et se poursuivent toujours — à
propos du terme « islamophobie », notamment depuis une chronique signée en
2003 par Caroline Fourest et Fiammetta Venner qui, dans leur revue
*ProChoix*, ont prétendu qu’il aurait « pour la première fois été utilisé
en 1979, par les mollahs iraniens qui souhaitaient faire passer les femmes
qui refusaient de porter le voile pour de ‟mauvaises musulmanes” en les
accusant d’être ‟islamophobes” »2
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote2sym>.
Employer ce mot serait donc tomber dans un piège assez grossier, selon une
opinion reprise en 2010 par Pascal Bruckner, qui proposa de le « bannir
d’urgence du vocabulaire » car il aurait été « forgé par les intégristes
iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines ».
Il ajoutait que la fonction de « cette création digne des propagandes
totalitaires » serait « de faire de l’islam un objet intouchable sous peine
d’être accusé de racisme »3
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote3sym>.
Ces auteurs réactivaient l’épouvantail rhétorique utilisé en 2002 par
Pierre-André Taguieff qui déclarait que « par l’effet d’une extension
abusive de la vigilance antiraciste, toute critique de l’intégrisme
islamique est immédiatement dénoncée comme manifestation d’islamophobie. Le
terrorisme intellectuel règne »4
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote4sym>.
En juillet 2013, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur reprenait à
son compte cet argumentaire erroné: « derrière le mot ‟islamophobie”, il
faut voir ce qui se cache. Sa genèse montre qu’il a été forgé par les
intégristes iraniens à la fin des années 1970 pour jeter l’opprobre sur
les femmes qui se refusaient à porter le voile. Je crois que Caroline
Fourest et avec elle d’autres intellectuels ont raison […] Pour les
salafistes, ‟[l’]islamophobie” est un cheval de Troie qui vise à
déstabiliser le pacte républicain »5
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote5sym>.
L’argument fut repris en 2014 dans une lettre ouverte à Najat
Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale6
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote6sym>,
puis en 2015 par Patrick Kessel qui, lors la remise du Prix de la Laïcité,
dénonça « ce concept sournois d’‟islamophobie” qui vise à condamner comme
raciste toute critique de l’islam radical »7
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote7sym>.
Il le fut encore en 2016 par Elisabeth Badinter qui, un an après l’attentat
de Charlie Hebdo a déclaré sur la matinale de France-Inter: « il faut
s’accrocher et il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophobe »
8
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote8sym>
.

Régis Debray ajouta peu de temps après que « le chantage à l’islamophobie
est insupportable »9
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote9sym>,
et en mai 2016, Gilles Kepel, professeur à Sciences Po, affirmait, contre
toute évidence: « Le mot est apparu en France dans les années 2000, dix ans
après son apparition en Grande-Bretagne, dans la foulée de l’affaire
Rushdie. Ce n’est pas un concept, c’est une fabrication destinée à
interdire le débat, une arme dans la guerre intellectuelle. L’accusation
d’islamophobie sert à interdire toute critique de la salafisation d’une
partie des banlieues »10
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote10sym>.
Il récidiva en compagnie d’un autre professeur de *Sciences Po*, Bernard
Rougier, déclarant que « ‟radicalisation” comme ‟islamophobie” constituent
des mots écrans qui obnubilent notre recherche en sciences humaines »11
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote11sym>
.

Cette dernière remarque est proprement sidérante au vu du nombre
considérable des travaux consacrés à l’islamophobie. En 2006, Chris Allen
lui a consacré une thèse qui fut publiée en 201012
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote12sym>;
en 2006 également, la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme a
organisé à Paris un colloque international sur le thème de « L’islamophobie
dans le monde moderne »; Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed ont mis en
place en 2011 un séminaire sur l’islamophobie à l’École des Hautes Études
en Sciences Sociales, Fernando Bravo López a soutenu une thèse sur le même
sujet en 201213
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote13sym>,
qui est aussi l’année de la création de la revue *Islamophobia Studies*. Il
est vrai que la recherche en ce domaine, du côté français, a longtemps été
à la remorque des travaux anglo-saxons, mais le jugement infondé
d’universitaires comme Gilles Kepel et Bernard Rougier ne contribue guère à
faire avancer les choses14
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote14sym>
.

Par ailleurs, répéter sans réfléchir, à l’instar de Michel Onfray, que le
terme islamophobie « est un mot inventé par l’Iran de Khomeiny pour
stigmatiser tout opposant à son régime »15
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote15sym>
est
doublement faux.

Premièrement, Alain Quellien l’utilisait déjà dans sa thèse publiée en
1910, dans laquelle il définissait « l’islamophobie » comme « un préjugé
contre l’Islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et
chrétienne »16
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote16sym>.
En lisant, entre autres « classiques » de la littérature coloniale, les
œuvres de Joseph du Sorbiers de la Tourasse ou du Dr Oskar Lenz, il ne
pouvait que constater que « pour d’aucuns, le musulman est l’ennemi naturel
et irréconciliable du chrétien et de l’Européen, [que] l’islamisme est la
négation de la civilisation [et que] la mauvaise foi et la cruauté sont
tout ce qu’on peut attendre de mieux des mahométans »17
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote17sym>.
C’est cette attitude qu’il dénommait « islamophobie ».

Deuxièmement, il n’existe aucun équivalent iranien à ce terme. En persan,
on pourrait à la rigueur dire *islām harāsī *(اسلام هراسی), littéralement
« hostilité à l’islam », tout comme en arabe on dirait *‛adā’ al-islām *(عداء
الاسلام), mais en réalité, ce terme est bien une invention française qui,
pour être rendue en arabe, a donné lieu dans les années 1990 à la création
de l’expression *ruhāb al-islām *(رهاب الاسلام) « phobie de l’islam ». Sa
première apparition en anglais date de 1924, mais elle figure au titre de
citation dans la recension d’un livre cosigné par Sliman Ben Ibrahim et le
peintre orientaliste Étienne Dinet, et ce mot, alors simplement cité, n’a
pas été adopté en anglais à cette époque: on lui a préféré
l’expression *feelings
inimical to Islam *(« sentiments hostiles à l’Islam »). On notera la
majuscule à Islam, faisant que ce mot désigne alors l’ensemble du monde
musulman, et non une religion particulière18
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote18sym>.
Dinet et Ben Ibrahim ne donnaient pas de définition explicite de ce qu’ils
entendaient par « islamophobie », mais leurs écrits montrent à l’envi
qu’ils désignaient ainsi une attitude hostile à l’islam, regardé comme un
ennemi à combattre ou à éliminer19
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote19sym>
.

Selon le *Grand Dictionnaire d’Oxford*, l’apparition d’*islamophobia *en
anglais ne survient qu’en 1976 dans un article de Georges Chahati Anawati
affirmant que « ce qui rend la tâche difficile, et peut-être impossible,
pour un non-musulman, c’est que, sous peine d’être accusé d’islamophobie,
il est obligé d’admirer le Coran dans sa totalité et de se garder de
laisser supposer la moindre critique sur la valeur littéraire de ce texte »
20
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote20sym>.
Cet islamologue égyptien appartenant à l’ordre des Frères Prêcheurs
introduisit dans son texte une modification de sens, et même un véritable
retournement: pour Étienne Dinet et Sliman Ben Ibrahim, l’islamophobie ne
désignait que les préjugés des orientalistes à l’égard des musulmans, mais
sous la plume d’Anawati apparaît une nouvelle acception, puisque par ce
même terme il vise désormais le préjugé musulman consistant à s’opposer à
toute critique textuelle du Coran qui serait l’œuvre d’analystes
non-musulmans21
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote21sym>.
C’est là, vraisemblablement, l’origine de l’idée fausse selon laquelle il
s’agirait d’un mot créé pour opérer un véritable chantage en direction des
critiques occidentaux.

Affirmer que le concept d’islamophobie aurait été inventé pour limiter la
possibilité de critiquer l’islam comme religion, et qu’en conséquence il ne
faudrait pas craindre de se faire traiter d’islamophobe, c’est ne retenir
qu’une instrumentalisation partisane du terme. Semblablement, que
l’accusation d’antisémitisme soit régulièrement lancée aux critiques de la
politique d’Israël n’implique pas que ce terme serait vide de sens, que
l’antisémitisme n’existerait pas et qu’il conviendrait d’abandonner ce mot.

Certains, considérant que le suffixe « phobie » renvoie étymologiquement à
la peur, en ont conclu qu’en toute logique l’islamophobie devrait désigner
une aversion irraisonnée, une peur pathologique, tout comme l’agoraphobie
est la peur pathologique des espaces vides et la claustrophobie celle des
espaces confinés. Son emploi relèverait donc d’une sorte de médicalisation
outrancière de notre société, dont témoigne l’avalanche de termes récemment
construits sur le même modèle: ablutophobie (peur de se baigner),
achluophobie ou nyctophobie (peur du noir), émétophobie (peur de vomir),
éreutophobie (peur de rougir en public), géphyrophobie (peur de traverser
les ponts), haptophobie (peur d’être touché), leucosélophobie (peur de la
page blanche chez les écrivains), ochlophobie (peur de la foule) et autre
apopathodiaphulatophobie (peur d’être constipé). Selon cette façon de voir,
souvent relayée par les sites d’extrême droite, l’islamophobie serait de la
même famille que la cynophobie (peur des chiens), l’ailurophobie (peur des
chats), l’ornithophobie (peur des oiseaux), l’arachnophobie (peur des
araignées), la musophobie (peur des souris), l’ophiophobie ou herpétophobie
(peur des serpents). Or aucune de ces affections n’étant un racisme, aucune
d’elle ne correspondant à une revendication, il devrait en être de même de
l’islamophobie22
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote22sym>
.

Bref: on ne saurait en vouloir aux islamophobes, qui seraient simplement
atteints d’une maladie bénigne. Une telle façon de pratiquer l’étymologie
est inacceptable, car elle revient à considérer un terme en se fondant
seulement sur l’analyse (correcte ou non) de son origine, sans prendre en
compte l’histoire de son usage. Ainsi que le remarque Nicolas Lebourg, si
l’on devait adopter ce type d’approche, « les sciences sociales devraient
donc également s’épurer des mots ‟nationalisme”, ‟antisémitisme”,
‟racisme”, ‟néo-racisme” et ‟racialisme” »23
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote23sym>
.

Le psychanalyste Daniel Sibony a soutenu que la notion d’islamophobie
tendrait effectivement à imposer l’idée d’une « peur de l’islam », mais que
cette signification se serait vite étiolée au profit de celle de « peur de
dire ou de laisser dire des choses dont on pense qu’elles pourraient
contrarier les musulmans ». Ce nouveau retournement de sens lui fut inspiré
par une approche historique faisant bien peu de cas des faits: « Précisons
— a-t-il écrit en effet — que le terme ‟islamophobie” […] a été lancé à la
suite du 11 septembre 2001 dans un effet de propagande: des gens étaient
effrayés par l’aspect sans ‟limite” de cet acte, et l’effroi inspiré par
les terroristes a été orienté, grâce à ce mot, vers l’islam tout entier,
comme si on voulait que toute inquiétude sur des attentats soit pointée
comme une angoisse sur tout l’islam. C’était aussi une façon de protéger
les auteurs de l’attentat, qu’on admirait: grâce à ce mot, les trouver
haïssables et prendre au sérieux leur propos, c’était haïr tout l’islam »24
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote24sym>
.

Il serait légitime de s’interroger sur l’identité du « on » dont parle cet
auteur, mais pour juger de la fausseté de son argumentaire, il suffira de
le rapporter au graphique montrant le taux d’usage du mot *islamophobia *en
anglais américain entre 1990 et 2008 (le logiciel *Ngram *ne permet pas de
tenir compte des années plus récentes). Ce graphique prouve que,
contrairement à ce qu’affirme Daniel Sibony qui ne citait aucune donnée
concrète, l’usage de ce mot a commencé à « décoller » à partir de 1996,
qu’il s’est nettement ralenti de 2001 à 2002 pour croître de nouveau
ensuite, beaucoup plus rapidement depuis 2006. Rien ne confirme donc
l’effet de « lancement » que Daniel Sibony signale à partir de septembre
2001, et qui n’a jamais existé que dans son imagination. Les historiens ont
du reste démontré qu’à cet égard, « le 11 septembre 2001 ne représente pas
une rupture réelle, et s’inscrit plutôt dans une continuité historique »25
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote25sym>
.

Graphique Ngram des taux d’usage de « islamophobia » en anglais américain
entre 1990 et 2008.

S’il fallait considérer l’augmentation de la fréquence de ce terme comme la
conséquence d’un événement politique de portée internationale, c’est plutôt
dans la guerre du golfe et l’opération « Tempête du Désert », en 1990-1991
qu’il faudrait chercher celui-ci, et non dans les attentats de septembre
2001.

Plusieurs adeptes de l’hypercorrection linguistique, dont encore Daniel
Sibony, soutiennent que « le mot phobie est bizarrement utilisé dans des
termes comme homophobie, xénophobie, judéophobie, islamophobie,
américanophobie… La bizarrerie consiste à mettre ‟phobie” chaque fois qu’on
n’aime pas une chose ». Il est alors facile d’ajouter qu’on ne peut
interdire à quelqu’un d’avoir peur, et qu’il serait donc absurde de
considérer l’islamophobie comme un comportement répréhensible26
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote26sym>
.

C’est oublier trois choses essentielles.

Premièrement, « phobie » peut se traduire par « horreur »: Littré glose
« hydrophobe » par « qui a horreur de l’eau », et le glissement de
l’horreur à la haine relève de l’évidence. Le *Dictionnaire Quillet *traduit
phobie par « crainte ou haine » et le *Grand Robert *lui reconnaît les
synonymes suivants: « peur, crainte, aversion, dégoût, horreur, terreur,
haine ».

Deuxièmement, la langue ne fonctionne pas comme un jeu de *meccano *permettant
de construire automatiquement des mots sur la seule base de règles
strictement logiques. Le coton hydrophile est-il un « ami » de l’eau? Si un
cartophile est un collectionneur de cartes postales, un pédophile est-il un
collectionneur d’enfants? Un homophobe est-il quelqu’un qui n’aime pas la
similitude?

Troisièmemement, le néologisme « xénophobe » ne se comprend pas moins comme
l’appellation générique d’une série pré-existante, puisque les mots
« anglophobe » et « francophobe » existaient depuis le xixe siècle. Que le
modèle de cette série soit effectivement productif se vérifie avec
l’apparition de « germanophobe » au siècle suivant, par exemple sous la
plume de Proust en 192227
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote27sym>.
Dès lors « islamophobe » n’est qu’un exemple parmi d’autres de cette
productivité, puisque le suffixe « phobe / phobie » peut s’utiliser pour
construire des mots désignant la détestation d’un peuple particulier28
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote28sym>
ou
d’une religion donnée. Sur internet, on trouve ainsi « hispanophobe »,
« italophobe », « nipponophobe »… et la *Reconquista *espagnole a été
considérée comme une « maurophobie »29
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote29sym>,
ce
qui, pour Javier Rosón Lorente, donne à l’islamophobie en Espagne un petit
air de « déjà-vu »30
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote30sym>.
De même, la fixation des débats sur le voile dit « islamique » en France a
motivé la création du terme « hijabophobie »31
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote31sym>,
et l’on parle aussi de LGBTphobie (LGBT: « lesbiennes, bays, bisexuels et
transgenres »).

La liste continue de s’allonger avec « bouddhophobie » et
« christianophobie » ou « christophobie », formés après « judéophobie »,
créé par Leon Pinsker en 1882, sous la forme allemande *Judophobie, *ensuite
francisée32
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote32sym>.
Ilan Halevi est donc fondé à écrire que l’islamophobie ressemble fort à la
judéophobie et que « toute tentative de se mesurer à l’une sans prendre
l’autre à bras-le-corps est par définition futile, car l’islamophobie,
sous-catégorie du racisme en général, apparaît dans la nature sociale comme
une métastase de l’antisémitisme »33
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote33sym>.
Une bonne partie des argumentaires islamophobes et judéophobes s’appuie sur
la dénonciation du Coran et de la Bible comme autant d’appels au meurtre,
suivant une démarche qui se limite à rechercher dans ces textes la cause
ultime du « terrorisme islamique » actuel34
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote34sym>,
comme si les jihadistes étaient des maniaques de l’exégèse, des érudits
passionnés par la pratique du commentaire théologique. Dans le cadre de
l’exercice consistant à s’envoyer à la figure des citations extraites de
leur contexte, on pourrait bien dire: « salafistes et Onfray, même combat! »
35
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote35sym>

Dans la même logique qui avait conduit à la formation de « xénophobie »,
Vincent Geisser a donc créé le genérique « religiophobie ». Pour lui,
« l’islamophobie n’est pas simplement une transposition du racisme
anti‑arabe, anti‑maghrébin et anti‑jeunes de banlieue : elle est une
reli­giophobie. Certes, elle peut se combiner avec des formes de xénophobie
plus traditionnelles, mais elle se déploie de manière autonome »36
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote36sym>
.

Pour connoter la détestation, le français a emprunté au grec un autre
préfixe: *miso-*, du verbe *miséō *(μισέω) « haïr / ne pas accepter », et
ce préfixe est compris comme le contraire de *philo*– (φιλο-)37
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote37sym>.
D’où « misanthrope », qui déteste les hommes, « misogyne » qui déteste les
femmes, « misonéisme », qui déteste la nouveauté, et « misologie »
 signifiant le refus de raisonner. Utiliser ce préfixe *miso- *pour
fabriquer un mot désignant la détestation des musulmans aurait conduit à
quelque chose comme *misomusulmanisme (!), et l’employer avec islam était
encore plus difficile. À la fin des années 1990, Basheer Ahmad
Frémaux-Soormally avait certes proposé aux responsables de la revue
parisienne *La Medina *le néologisme « misislamisme » pour « décrire le
racisme anti-arabe et anti-musulman », mais il n’a pas été suivi38
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote38sym>.
Actuellement, « misislamisme » est parfois utilisé, par exemple par Ghaleb
Bencheikh39
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote39sym>,
pour désigner la détestation de l’islamisme, et non celle de l’islam ou des
musulmans. Au bout du compte, il apparaît que le suffixe -phobie a donc
paru préférable pour des raisons strictement linguistiques, liées à l’usage
40
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote40sym>,
et qui ne résultent aucunement d’on ne sait quelle volonté de médicaliser
une pensée déviante!

Le *xénos *(ξένoς) comme le phílos (φίλος) sont en rapport avec les
coutumes d’hospitalité, puisqu’en grec ancien *xénos *(ξένoς) « peut se
dire de celui qui est reçu et de celui qui reçoit », et que « l’hôte qui
reçoit est le φίλος de l’étranger accueilli, et réciproquement »41
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote41sym>.
Le *xénos*, c’est l’étranger avec lequel on est en contact, par opposition
avec celui appelé *échthrós *(ἐχθρὀς) « homme du dehors étranger à toute
relation sociale »42
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote42sym>,
et c’est aussi l’hospité, c’est-à-dire celui qui bénéficie des lois de
l’hospitalité43
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote43sym>.
Ce pourquoi d’un point de vue grec, la xénophobie telle que nous
l’entendons était difficilement concevable. Certes, le synonyme misoxène
existe bien, mais il est tardif, utilisé par les auteurs chrétiens pour
désigner l’attitude des Égyptiens à l’égard des Hébreux. Quant à
xénochtone, s’opposant à autochtone, il apparaît sous la plume de Denis
d’Halicarnasse (*Antiquités romaines, *I, 41.1) pour désigner des bandes
vivant sauvagement, jusqu’à tuer des étrangers au mépris des règles
d’accueil.

L’enquête conduite par Pierre Villard sur l’origine du mot xénophobe lui a
permis de vérifier qu’il ne s’agit pas d’un vocable issu du grec ancien,
contrairement à ce qu’on pourrait croire. C’est un néologisme forgé par
Anatole France pour faire pièce à la notion de métèque — qui, elle, est
authentiquement grecque (μέτοικος, au sens propre « qui change de maison »,
donc: « étranger domicilié dans la cité »), francisée au milieu du
xviiie siècle
et adoptée par Charles Maurras en 1894 dans *La Cocarde*, le journal de
Maurice Barrès, avec une connotation hostile et très dépréciative44
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote44sym>.
Pour autant qu’on sache, « xénophobe » a été inventé pour être utilisé
dans *Monsieur
Bergeret à Paris*, paru en 1901, roman dans lequel l’auteur, parodiant
Rabelais, se moque des « démagogues » qui côtoient les « misoxènes,
xénophobes, xénoctones et xénophages »45
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote45sym>
.

L’islamophobie est une xénophobie, car « l’enjeu central est bien la
légitimité de la présence musulmane sur le territoire national, tout comme
pour l’antisémitisme des xixe et xxe siècles »46
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote46sym>.
Elle se base sur un ensemble de préjugés et de stéréotypes stigmatisants,
sur des généralisations négatives, sur une catégorisation et une
essentialisation des musulmans, ou du moins vus comme tels, arbitrairement
réduits à leur religion et à ses « signes », jusqu’à l’élaboration d’une
véritable « racialisation religieuse »47
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote47sym>.
Certes, les modalités de l’islamophobie varient « en fonction des contextes
nationaux et des périodes historiques »48
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote48sym>,
mais le procédé qui la fonde consiste toujours à inventer un « problème
musulman » ou un « problème de l’islam »49
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote49sym>,
puis à lui chercher des solutions passant notamment par le contrôle du
corps, de l’habillement, de l’alimentation et de la présence dans l’espace
public, voire par le bannissement et l’expulsion.

C’est bien la démarche usuelle de toutes les altérophobies: fabriquer un
« autre » pour le rejeter.

Faisons donc nôtre la sentence de Ménandre:

Ξένους ξένιζε ‧ καὶ σύ γὰρ ξένος γ’ ἔσῃ

« Fais bon accueil aux étrangers, car toi aussi, tu seras étranger. »
Bibliographie et sources

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143-161.
Notes

1
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote1anc>
Selon
le CNTRL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales), *s.v.*

2
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote2anc>
 http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2003/11/12/55-islamophobie/

3
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote3anc>
Bruckner
2010.

4
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote4anc>
Knobel
1999.

5
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote5anc>

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20130731.OBS1612/manuel-valls-l-islamophobie-est-le-cheval-de-troie-des-salafistes.html/

6
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote6anc>
Alban
Ketelbuters, « Laïcité: lettre à Najat Vallaud-Belkacem », Marianne,
tribune du 10 novembre 2014.

7
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote7anc>

http://www.laicite-republique.org/prix-de-la-laicite-2015-discours-de-patrick-kessel.html/

8
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote8anc>

http://www.marianne.net/elisabeth-badinter-il-ne-faut-pas-avoir-peur-se-faire-traiter-islamophobe-100239221.html/

9
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote9anc>

http://www.marianne.net/regis-debray-chantage-islamophobie-est-insupportable-100239746.html/

10
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote10anc>
 *Le Monde des Idées, *7 mai 2016: 4.

11
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote11anc>
Kepel
& Rougier 2016.

12
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote12anc>
Allen
2010.

13
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote13anc>
Bravo
López 2011.

14
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote14anc>
Pour
un état des lieux en français des recherches sur l’islamophobie, voir Asal
2014.

15
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote15anc>
Onfray
2016: 56.

16
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote16anc>
Quellien
1910: 133.

17
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote17anc>
Quellien
1910: 133-134.

18
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote18anc>
Cook
1924, *apud *Hajjat & Mohammed 2016; voir aussi Asal 2014: 15.

19
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote19anc>
Bravo
López 2011: 562.

20
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote20anc>
« What
makes the task difficult, perhaps impossible, for a non-Muslim is that he
is compelled, under penalty of being accused of Islamophobia, to admire the
Koran in its totality and to guard against implying the smallest criticism
of the text’s literary value » (Anawati 1976).

21
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote21anc>
Voir
à ce propos Vakil 2003.

22
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote22anc>
Exemple
de ce raisonnement sur un site d’extrême droite:
http://www.bvoltaire.fr/jacquesflinois/france-lislamophobie-desormais-haram-illicite,233137/

23
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote23anc>
Lebourg
2011: 42.

24
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote24anc>
Sibony
2013.

25
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote25anc>
Asal
2014: 17.

26
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote26anc>
Sibony
2004.

27
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote27anc>
CNRTL:
s.v.

28
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote28anc>
Sur
l’internet, on trouve ainsi « hispanophobe », « italophobe »,
« nippophobie », etc.

29
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote29anc>
Zapata-Barrero
2006.

30
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote30anc>
Lorente
2010: 123-124.

31
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote31anc>
Geisser
2010: 43.

32
<https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote32anc>
Pinsker
1882.

<a class="gmail-sdfootnotesym" href="
https://tempspresents.com/2019/06/19/histoire-et-mythe-conspirationniste-du-mot-islamophobie/#sdfootnote33anc"
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