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PEPS et la guerre en Ukraine

from Patrick Farbiaz on Mar 03, 2022 06:01 PM
L’édito de PEPS : L’Ukraine, une guerre aux multiples enjeux écologiques
[image: L’édito de PEPS : L’Ukraine, une guerre aux multiples enjeux
écologiques]
 3 mars 2022 Actualités <https://confpeps.org/category/actualites/>, Editos
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Nous savions que le XXIème siècle serait celle des guerres « vertes », des
guerres de l’eau, de la biodiversité, de l’accaparement des terres, des
guerres biologiques et climatiques. La guerre en Ukraine en est
l’illustration.

1. Cette guerre comme toute guerre est une guerre sale sur le plan humain
comme environnemental. Dès 2014 dans le Donbass les Russes ont inondé de
nombreuses mines, ce qui a empoisonné l’eau potable et le sol. L’atmosphère
a été gravement polluée par l’utilisation d’armes lourdes. Aujourd’hui les
forces russes emploient des bombes à sous munition, dont l’utilisation, le
développement, la production, l’acquisition, le stockage et le transfert
ont été interdits en 2010 par une convention internationale.

Les fauteurs de guerre ont du sang sur les mains : milliers de morts civils
ou militaires et de blessés, centaines de milliers d’exilés, bombardements
contre les populations… constituent des crimes de guerre. L’invasion
militaire russe a des conséquences dramatiques en termes de déplacement de
populations, de régression des conditions de vie, de régression des
libertés démocratiques. La guerre ne profite qu’aux puissants, aux
marchands d’armes et aux capitalistes. Les écologistes sont contre la
guerre car elle ne résout aucun problème, elle les aggrave. Comme le disent
170 journalistes russes qui ont rédigé une lettre ouverte condamnant la
guerre de Poutine « La guerre n’a jamais été et ne sera jamais une méthode
de résolution des conflits et rien ne la justifie ».

Pourtant si les écologistes sont partisans de la résistance non violente de
la désobéissance civile, ils ne sont pas en soi des pacifistes si ce terme
consiste à se coucher devant l’agresseur. Ce qui veut dire qu’un peuple a
le droit à l’insurrection y compris armée contre les tyrans qu’ils soient à
l’intérieur ou à l’extérieur comme dans le cas de l’Ukraine


2. Cette guerre remet au centre la question du nucléaire civil et militaire.
 C’est la première fois depuis l’affaire des missiles de Cuba en 1962 que
le monde est menacé par un dirigeant qui brandit la force nucléaire comme
moyen de chantage. Mais nous ne sommes pas en 1962. Les armes nucléaires se
sont adaptées et peuvent cibler des objectifs localisés. D’autre part les
16 réacteurs nucléaires sont en fonctionnement dans le pays où Tchernobyl a
eu lieu et où ce site est devenu un enjeu de la guerre. Cela dit d’ailleurs
à quel point nucléaire civil et militaire sont liés et pourquoi il faut en
finir avec les deux. C’est pourquoi nous demandons la reprise des
négociations sur la maîtrise des armements et le désarmement nucléaire.
Nous exigeons l’arrêt de tout déploiement de forces nucléaires et le
démantèlement des bases nucléaires en Biélorussie et en Russie ainsi que
celles installées en Pologne ou en France.

3. Cette guerre est une guerre de l’énergie. Les États-Unis exercent une
pression économique et énergétique sur la Russie en faveur du gaz naturel
liquéfié (GNL) américain et au contrôle de la route commerciale arctique,
qui s’ouvre avec la fonte des glaces due à l’effet destructeur du
capitalisme sur l’environnement naturel et l’écosystème. La Russie possède
des ressources
<https://reporterre.net/Guerre-en-Ukraine-la-Russie-met-la-main-sur-le-grenier-a-ble-de-l-Europe>
de
pétrole et de gaz immenses, et la fonte de la banquise arctique sous
l’effet du réchauffement climatique devrait encore les accroître. Elle
conserve aussi les deuxièmes réserves mondiales identifiées de pétrole,
derrière l’Arabie saoudite. La Russie fournit 30 % de leur pétrole aux
Européens et environ 40 % de leur gaz et met l’Union européenne sous
dépendance. Ces pays ont fait l’impasse sur les nécessaires économies
d’énergies, et le développement des énergies renouvelables. En refusant de
mettre en cause leur mode de vie, les européens sont victimes du chantage
russe au gaz. Ce refus obstiné d’une décroissance choisie (par exemple en
diminuant drastiquement les trajets en avion ou en consommant moins de
viande issue de l’élevage industriel) va déboucher avec cette guerre sur
l’accélération d’une décroissance subie par l’inflation et des pénuries qui
toucheront en priorité les classes populaires et notamment les plus
précarisé.es <http://xn--prcaris-cyaf.es>.

4. Cette guerre est une guerre de la souveraineté alimentaire. L’Ukraine
est un grenier à blé pour toute l’Europe. Si la Russie s’en empare, elle
qui a aussi des immenses ressources agricoles exercera un chantage sur
l’alimentation de l’Europe. Comme celle-ci n’a pas rompu avec le modèle
productiviste de l’agriculture, elle sera encore plus dépendante de la
Russie.  Wladimir Poutine met la main sur une partie du véritable « grenier
à blé » du continent européen. Là-bas, les terres agricoles représentent
plus de 70 % de la surface du pays
<https://www.lafranceagricole.fr/sans-frontieres/ukraine-lagriculture-partagee-face-ala-reforme-fonciere-1,0,3562339432.html>,
soit 42 millions d’hectares
<https://reporterre.net/IMG/pdf/cep_analyse_114_agriculture_ukrainienne.pdf>,
presque deux fois les surfaces cultivables de la France. D’autre part, le
tchernoziom (« terre noire » en russe) est l’un des meilleurs sols au monde
<https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/UA/agriculture-alimentation>.
Cette terre contient 3 à 15 % d’humus
<https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1608291> et s’étale sur
1 à 6 mètres de profondeur. Elle est si riche en potasse, phosphore et
oligo-éléments qu’on peut facilement se passer d’engrais azotés pour
travailler ces sols. Voilà pourquoi ce pays qui par ailleurs est déjà
victime d’accaparements des terres par l’agro-business européen est un
enjeu de souveraineté alimentaire.

5. Cette guerre est une guerre pour l’écocide d’un peuple. PEPS l’a dit le
premier jour de guerre. Le but est la destruction de l’Ukraine en tant que
peuple, nation, État. SI nous avons dénoncé la responsabilité de l’OTAN et
des va-t-en-guerre en Occident, il n’en est pas moins que Wladimir Poutine
a décidé de cette stratégie de guerre totale non pour des raisons de
sécurité mais par volonté impérialiste. Cette guerre asymétrique du faible
au fort est une guerre pour la survie d’un peuple. Poutine nie l’existence
historique, culturelle, linguistique de l’Ukraine. Le Peuple Ukrainien
existe. Il reprend les traditions de lutte, de résistance et
d’auto-organisation que l’armée révolutionnaire insurrectionnelle
ukrainienne, la Makhnovchtchina avait eues contre les Allemands, les Russes
blancs et ensuite contre la trahison des bolcheviks.

6. cette guerre participe comme le réchauffement climatique au déplacement
forcé des populations. Le fait que la Pologne, la Roumanie et la Hongrie
ouvrent leur frontière aux réfugiés ukrainiens est une bonne chose. Mais le
tri que ces pays exercent en refusant le passage des réfugiés
arabo-musulmans ou noirs est criminel et démontre que les phénomènes
migratoires sont devenus des enjeux civilisationnels. Quand des humains
sont en danger, la notion de frontière n’existe plus. Ouverture des
frontières pour accueillir les populations qui doivent fuir la guerre en
leur apportant l’aide concrète nécessaire à court et à plus long terme,

7. Cette guerre est une guerre contre le peuple russe. Notre soutien va à
ceux et celles qui, en Russie, rejettent la politique de Poutine parce
qu’ils et elles se battent pour la paix, la solidarité entre les peuples,
contre le nationalisme et l’extrême droite. De grandes manifestations ont
eu lieu dans des dizaines de villes de Russie. Plus de 6500 arrestations
ont eu lieu. Le mouvement féministe se mobilise comme la jeunesse, les
artistes, les journalistes ou les intellectuels. Un mouvement anti-guerre
est en train de naître dans ce pays qu’il nous faut soutenir notamment en
accueillant les déserteurs de l’armée russe à bras ouvert. Ceux et celles
qui se battent contre Poutine avec courage et détermination sont nos frères
et sœurs.

8. Cette guerre a une dimension économique et se mène aussi entre des États
capitalistes aura des conséquences sur les classes populaires en France.
Les sanctions économiques prises contre la Russie si elles sont justifiées
entraîneront une hausse des prix des produits de premières nécessités, du
gaz, du pétrole et de l’électricité. La hausse de ces dépenses contraintes
est insupportable et rend encore plus urgente la revendicati*on* de blocage
des prix de ces produits ainsi que la revendication d’un prix plancher
relevé pour la production paysanne. Ce n’est ni aux paysans ni aux
consommateurs de payer la crise, c’est aux grands distributeurs, à
l’industrie agro-alimentaire, à EDF, ENGIE et à Total de la payer ! Cette
crise ne rend que plus urgente la nécessité de nationaliser ces dernières.

9. Pour une paix durable, soutien total à la résistance civile et armée. Nous
devons à la fois soutenir la résistance y compris par la livraison d’armes
à la demande du peuple ukrainien pour lutter contre l’invasion russe de son
territoire. Il s’agit d’une solidarité élémentaire avec les victimes de
l’agression d’un adversaire beaucoup plus puissant. L’armement c’est la
condition de l’établissement d’un rapport de forces avec Poutine. Il s’agit
de lui tordre le bras pour l’obliger à la désescalade, au cessez le feu
immédiat, à la continuité des négociations. Parallèlement nous soutenons
l’organisation d’une Conférence Internationale de sécurité européenne sur
la base de la Charte de Paris pour une nouvelle Europe, signée en 1990 par
34 chefs d’‘États, et la Charte de sécurité européenne de l’OSCE signée en
1999. Nous souhaitons aussi la réouverture dès que possible des
négociations OTAN-Russie, qui consacrent l’engagement à assurer une
sécurité égale et à ne pas rechercher sa sécurité au détriment de celle de
l’autre. Pour que la diplomatie l’emporte sur la guerre, il faut d’abord
soutenir le peuple ukrainien dans sa lutte contre l’agresseur.

10. Cette guerre impérialiste contre le peuple ukrainien est la nôtre. Ce
n’est ni celle de Macron, ni celle de l’OTAN, c’est celle des peuples qui
résistent à la barbarie impérialiste.Cette guerre fait entrer le monde dans
une nouvelle phase historique.Pour les écologistes altermondialistes,
Poutine est l’agresseur et l’Ukraine l’agressé. Même si n’oublions pas les
responsabilités de l’OTAN qui n’a eu de cesse depuis la fin de la guerre
froide d’encercler la Russie et de l’humilier, nous ne les mettons pas sur
le même plan car en ce moment, comme pendant la guerre d’Espagne ou pendant
la guerre du Vietnam, un peuple se bat pour sa liberté. Les conséquences
militaires et économiques vont au-delà du territoire de l’Ukraine. C’est
une guerre européenne dans laquelle comme au Rojava face à Daesh et à la
Turquie nous devons choisir notre camp, le camp du peuple même si celui-ci
est soutenu par des forces que nous considérons comme des adversaires.
C’est pourquoi, si nous demandons la dissolution de l’OTAN et le retrait
des troupes et des bases américaines et de l’OTAN, nous demandons
simultanément le retrait de celles de l’OTSC, le Pacte de sécurité Russe en
Biélorussie, au Kazakhstan.

Soutien total à la résistance du peuple ukrainien !

Poutine dégage !

Non à la guerre impérialiste russe !

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