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Re: Lettre ouverte à Madame Christiane TAUBIRA, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux

de parte de APCV Agence de promotion cultures et voyages on 2015-12-27 09:57
Bonjour,

Merci à l'auteur de cette lettre ouverte qui exprime également ma réponse
aux partisans de la déchéance de la nationalité une sorte de la double
peine pour une catégorie de citoyens français surtout de culture musulmane.
C'est inacceptable que ce projet de réforme constitutionnel soit défendu et
adopté par nos représentants de la république, gardiens des valeurs
d'Egalité pour toutes et tous.
Il est combattre car nous sommes tous égaux donc pas de sous catégorie de
citoyens de France.

Rahim Rezigat
Responsable associatif





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Le 27 décembre 2015 à 07:48, CHERBIB <cherbib@...> a écrit :

>
>
>
> Lettre ouverte à Madame Christiane TAUBIRA, Ministre de la Justice, Garde
> des Sceaux
>
> 25 Décembre 2015 , Rédigé par Nour-Eddine FATTOUM
> [image: Lettre ouverte à Madame Christiane TAUBIRA, Ministre de la
> Justice, Garde des Sceaux]
> <http://img.over-blog-kiwi.com/1/41/54/75/20151225/ob_90d7c7_unnamed.jpg>
>
> Madame la Ministre,
>
> C’est en tant que citoyen de nationalité Française et Tunisienne, né en
> France, que je pose aujourd’hui mes deux mains sur mon clavier pour rédiger
> cette lettre.
>
> Je suis maître de chien-guide, travailleur social, engagé politiquement
> depuis mon adolescence et engagé humainement depuis très longtemps.
>
> Français de nationalité, né en France, je milite activement pour la
> protection de l’enfance, la lutte contre les violences de toutes sortes,
> que ce soit les violences conjugales, les violences faites aux femmes et
> celles faites aux enfants, ainsi que l’égalité et l’équité de chaque
> citoyen, pour que chacun puisse vivre dans une société sans être empêché
> par des problèmes d’accessibilité.
>
> Tunisien de nationalité, par droit du sang, je suis engagé pour la
> protection de la Démocratie en Tunisie, le droit des Tunisiens de
> l’étranger, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dépénalisation de
> l’homosexualité et les droits humains.
>
> Issu de quartiers « populaires », j’ai su construire ma vie hors de la rue
> par l’éducation, par l’apport des professeurs ayant connu la dictature de
> Franco ou ayant, comme moi, une double culture. J’aurai pu, moi aussi,
> tomber dans l’extrémisme, lorsque je souhaitais par tous les moyens
> apprendre l’arabe, lorsque je me demandais si j’étais Français ou Tunisien,
> avant de comprendre que j’étais un humain parmi tant d’autre, un *citoyen
> du monde*.
>
> Nous nous étions rencontrés brièvement, Madame la Ministre, lors de la
> campagne des élections départementales en Essonne. Je faisais alors parti
> de l’équipe de campagne d’Isabelle CATRAIN et Michel POUZOL, et nous avions
> organisé avec vos services une visite sur la commune de Brétigny-sur-Orge,
> d’abord devant une école élémentaire puis dans une épicerie sociale.
>
> Lors de cette rencontre, vous avez confirmé l’opinion que j’avais, que
> j’ai, de vous, à savoir une femme simple, sincère, humaine et confiante en
> ses valeurs. Vous avez montré votre pugnacité lors des débats portant sur
> la loi instituant le mariage pour tous et ainsi l’égalité de chacun devant
> ce droit civil. Vous avez démontré votre justesse lorsque vous expliquiez
> après les attentats de Janvier, à contre-courant, qu’il fallait, je vous
> cite, « comprendre pourquoi des citoyens Français décident de choisir une
> voie mortifère ». Vous voulez, je l’espère encore, réformer la protection
> judiciaire de la jeunesse dans l’intérêt des enfants qui sont jugés pour
> des délits. Pour toutes ces choses je vous respecte, et admire votre
> loyauté envers des valeurs qui devraient nous rassembler tous : celles de
> l’égalité de chacun devant la Loi, de l’intérêt de l’éducation dans la
> réponse pénale, de l’intérêt de la prévention pour éviter d’en arriver à la
> répression.
>
> Si je vous écris Madame la Ministre, et si dans cette lettre je vous
> dévoile une partie de ma vie privée, c’est parce qu’en plus de
> l’instauration d’un état d’exception presque permanent, une différenciation
> va être officiellement et définitivement effectuée entre les Français.
> Celle-ci a commencé par la constitutionnalisation de la déchéance de
> nationalité des personnes ayant une double nationalité mais ayant acquis la
> nationalité Française au cours de leur vie. Celle-ci se termine par la
> constitutionnalisation de la déchéance de nationalité pour les personnes
> ayant une double nationalité et ayant acquis leur nationalité Française
> lors de leur naissance. Certes, cette mesure est symbolique, mais la
> symbolique peut être dangereuse.
>
> De nombreux experts disent que cette mesure ne touchera qu'une dizaine de
> personne tout au plus. Ce nombre paraît faible, mais est déjà énorme compte
> tenu des conséquences que cela posera à long terme dans une société plus
> que jamais divisée. Cette réforme, si elle est actée, conduira le pouvoir
> suivant à utiliser cette mesure à sa guise, et pourrait bien amener à des
> dérives. La déchéance de nationalité pose également le problème de
> l’expulsion des personnes condamnées à être déchues, qui est, pour
> l’instant, interdite par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. En
> outre, d’aucun se laisse à penser que cette déchéance de nationalité n’est
> pas efficace sur le long terme pour répondre à la terreur car les
> terroristes sont dans une démarche qui va au-delà d’appartenir à la nation
> Française car, pour eux, ils n’en font tout simplement pas parti.
>
> Aujourd’hui, Madame, j’ai peur. J’ai autant peur du terrorisme que de ce
> que devient la constitution Française. Répondre à la terreur du mois de
> mars 2012, janvier 2015 et Novembre 2015 par une mesure instaurant deux
> types de citoyens est une mauvaise réponse qui renforcera l’entrée de
> l’extrémisme de toute sorte en France.
>
> J’en reste convaincu, en tant que travailleur social, de citoyen
> binational et d’habitant de quartiers « populaires » : une des raisons qui
> amènent à l’extrémisme religieux est la quête identitaire. Cette quête de
> certaines personnes est née de par leur impression d’être des citoyens de
> seconde zone, des gens n’appartenant, entièrement, à la société Française.
> Cette croyance peut trouver ses fondements par la loi contre la burqa ou la
> stigmatisation par certaines organisations et partis politiques des
> personnes de culture musulmane. Elle peut aussi s’expliquer par le
> cloisonnement de certains quartiers, comme celui de Grand-Vaux à
> Savigny-sur-Orge (Essonne) ou encore celui des Sapins à Rouen
> (Seine-Maritime).
>
> La meilleure réponse pour sortir de cette quête identitaire est sans doute
> éducative. L’éducation peut amener à la réflexion, à la naissance et à
> l’appropriation de l’esprit critique, à l’utilité de l’imaginaire. La
> réponse n’est certainement pas un nouveau dispositif stigmatisant,
> indiquant qu’en France, il y a deux types de citoyens : ceux dont les
> parents sont tous deux Français et uniquement Français, et ceux dont les
> parents ont des origines extra-européennes.
>
> Lundi 21 décembre, vous avez déclaré en substance sur la télévision
> nationale Algérienne – un média que je regarde que très rarement tellement
> le manque d'esprit démocratique et la propagande sont de mise – que la
> déchéance de la nationalité pour les binationaux conduisait à inscrire dans
> le marbre qu’il y a deux types de citoyens, et que cela contrevenait au
> principe d’égalité entre les citoyens. Cette déclaration, bien qu’analysée
> de diverses manières, était une déclaration juste.
>
> C’est pour cette raison que, en tant que militant politique, je vous
> appelle sincèrement à essayer de revenir sur ce choix. Si vous n’y parvenez
> pas, vous et vos collègues Ministres qui sont contre cette réforme
> constitutionnelle, je vous appelle à démissionner en masse du gouvernement,
> et ce, malgré le fait que cela instaurera une crise politique.
>
> Il est des moments dans l’histoire où il faut choisir entre le bien et la
> facilité, où il faut décider d’entrer en résistance, même si cela implique
> une dissidence lorsqu’on le fait contre son propre camp. Dans ces
> circonstances où le Front Nationale caracole à chaque élection, où la
> xénophobie se fait de plus en plus prégnante, où le racisme découvert se
> montre au grand jour, le bien serait de montrer votre désaccord par un
> geste fort. Le bien serait de montrer qu’on ne peut transiger sur des
> valeurs essentielles à la vie en société. Le bien serait qu’on ne peut
> sciemment ignorer qu’une démocratie n’est que si le principe de *Liberté *nous
> permets d’avoir deux nationalité, celui d’*Égalité* nous permets d’avoir
> le même statut de citoyen que tout à chacun, et où la* fraternité*nous
> permet de coexister sans haine ni intolérance.
>
> En tant que citoyen, et que père de famille, je souhaite sincèrement que
> ce projet de réforme anticonstitutionnelle soit rejeté par le congrès. Cela
> impliquera que chaque citoyen prendra ses responsabilités si Monsieur
> Hollande décide de légiférer par voie référendaire. Il appartiendra alors
> aux partis politiques et à la société civile de faire son travail de
> campagne et de conviction, pour que chaque citoyen glisse le bulletin en
> connaissance de cause.
>
> Si cette réforme passe Madame, mes enfants, dont la double nationalité est
> acquise par droit du sol et du sang, seront considérés comme citoyens de
> seconde zone. Leur père en a l’habitude, et s’est armé pour y faire face,
> du fait de son handicap visuel. Cependant, j’aimerai épargner à mes enfants
> d’avoir ce ressentiment et d’avoir à convaincre chaque jour que Dieu fait.
> J’aimerai leur permettre d’être des citoyens libre de croyance et de culte
> ; libre d’orientation sexuelle ; libre du choix professionnel qu’ils feront
> ; libre de mener les combats politiques qui leur importe ou, au contraire,
> de ne pas en mener ; libre d’avoir une conscience politique, philosophique,
> environnementale, humaine… J’aimerai que mes enfants puissent avoir la
> chance de jouir pleinement de leur culture multiple, en ne choisissant pas
> un pays plutôt qu’un autre, en étant binational et fières de l’être !
> J’aimerai qu’ils n’aient pas le sentiment de choisir « un camp » plutôt
> qu’un autre, et d’être des citoyens du monde.
>
> Si cette réforme passe Madame, la Gauche au pouvoir aura réussi le rêve de
> la droite et de l’extrême droite. Il sera instauré un État policier, où
> chacun regardera l’autre comme un danger potentiel et non comme un apport
> pour soi. Il sera instauré un État similaire à la Tunisie des années Ben
> Ali, avec des fiches détenues par le seul gouvernement, indiquant qui est
> un danger pour la sûreté de l’État, au mépris de l’institution judiciaire
> qui doit faire foi. Il sera instauré un état de guerre permanent, qui nous
> conduira, selon les pouvoirs en place, à une possible guerre civile, où le
> racisme à peine voilé montrera le bout de son nez, où chaque personne ayant
> une apparence différente, un nom d’une autre consonance ou un style
> vestimentaire atypique sera jugée, discriminée, et cautionné par les
> pouvoirs publics. Il sera installé un État de peur permanente, où chaque
> jour un projet d’attentat déjoué sera médiatisé, où les concitoyens
> binationaux auront la crainte d’être contrôlé sur un simple faciès, et
> interpelé pour avoir fait peur à un autre en ayant juste dit « Salam » à un
> ami. Si cette réforme passe, d’autres mesures pourront alors suivre sans
> aucun problème constitutionnel, comme l’obligation pour les binationaux
> extra-européen de porter un signe distinctif…
>
> Madame la Ministre, c’est avec les larmes aux yeux que je termine la
> rédaction de cette lettre. Les larmes ne me viennent pas seulement parce
> que j’ai le nez collé sur l’écran pour relire ce que j’écris. Les larmes me
> viennent car aujourd’hui j’ai peur de porter un prénom qui veut dire « la
> lumière de la religion ». Je crains de garder une barbe de trois jours, de
> parler en arabe sur la voie publique. J’ai cette peur paranoïde alors que
> que je suis marié avec quelqu’un qui n’a pas la même culture que moi, que
> je vis ma vie de la manière la plus respectueuse possible, que je porte et
> que je dégage des valeurs humanistes, qui m’ont parfois coûté des
> opportunités professionnelles.
>
> Notre pays Madame est un pays envahi par la peur... et celle-ci est
> mauvaise conseillère. Alors plutôt que de répondre à la peur par la haine
> et la colère, j’y réponds par la tristesse. Ainsi, j’ai décidé de vous
> écrire cette lettre ouverte pleine d’amour, d’un immense respect pour votre
> personne, d’un incommensurable désir de liberté, d’égalité, de fraternité,
> de coexister.
>
> Je vous conjure, Madame TAUBIRA, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux,
> de croire en la sincérité de votre engagement,
>
> Bien sincèrement,
>
> --
> CHERBIB Mouhieddine
> 0033650520416
>
>
>
> --
> Archive: http://openfsm.net/[…]/1451200482575
> <http://openfsm.net/projects/faldi-fsm/lists/ensemble-faldi-fsm/archive/2015/12/1451200482575>
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